lundi 27 octobre 2008

Le lucane cerf-volant

Le lucane cerf-volant (Lucanus cervus) est le plus gros coléoptère d'Europe, certains spécimens pouvant mesurer une dizaine de centimètres de long. Il est de couleur marron parfois rougeâtre ou noir. C'est une bête magnifique, aussi noble que son homonyme mammifère.

Un lucane cerf-volant mâle, majestueux sous son armure médiévale.

Le lucane cerf-volant doit son nom à ses énormes mandibules rougeâtres dont la forme évoque la ramure du cerf. Ces appendices sont utilisés dans les joutes entre mâles lors de la période de la reproduction. On se plaît alors à les comparer à de minuscules chevaliers en armures voulant séduire le coeur de leur dame. Ces combats ne sont pas violents ; les coléoptères ne font là que mesurer leur force sans se blesser ou se faire de mal.



Les mandibules sont aussi des armes dissuasives contre les prédateurs naturels du lucane (oiseaux de proie, corvidés). Leur morsure est très douloureuse pour l'entomologiste en herbe qui veut manipuler l'insecte sans prendre assez de précaution.
Les mandibules des femelles sont bien moindres. Elles les utilisent pour cisailler l'écorce des arbres afin de faire couler la sève dont elles se nourrissent. Les mâles, encombrés par leur énorme casque de samouraï articulé, doivent se contenter de lècher celle qui dégouline naturellement du tronc.

Une femelle, un peu plus sombre, sur un chemin de glaise en forêt d'Orléans où ces splendides créatures prolifèrent.

Les lucanes semblent plus à leur aise à terre qu'en vol où ils deviennent patauds, maladroits, gênés à la fois par leurs mandibules volumineux et par leur abdomen trop lourd qui les déséquilibre. De plus, leur vrombissement particulièrement sonore leur confère une approche peu discrète. Le vol a lieu en général le soir ou en fin d'après-midi, lorsqu'il fait assez chaud.

La face ventrale d'une femelle.

Les larves des lucanes ressemblent à s'y méprendre à celles des hannetons, c'est-à-dire qu'elles ont l'apparence d'un ver blanc courbé en C doté de six petites pattes et d'une grosse tête marron. On les trouvent dans les souches pourries de chênes ou sous terre consommant les racines du même arbre. Le bois étant très peu nutritif, les larves peuvent mettre quatre ans pour arriver à maturité.
Le lucane cerf-volant bénéficie d'une protection légale partielle au niveau européen (convention de Berne de 1979 et directive habitat-faune-flore de 1992).

lundi 20 octobre 2008

Les chenilles

Les humains sont partagés en deux groupes : le grand public et les scientifiques. Les premiers s'intéressent aux papillons, ces être féériques, météores chatoyants du ciel d'été. Les seconds, nettement moins nombreux, sont captivés par la vie des chenilles, ces bestioles mollassonnes, envahissantes ou poilues comme un chinchilla. Et quoi qu'en pensent les premiers, les seconds ont peut être plus de choses à observer. En effet, la forme de papillons dure assez peu longtemps, certains papillons sont même dépourvus de bouche (ou de trompes). Ils sont incapables de se nourrir, ce qui leur est inutile puisqu'ils n'en ont pas le temps. La chenille est d'autant plus intéressante qu'elle constitue le seul stade de croissance de l'animal : un papillon adulte ne grandis plus. Cela explique que les grands papillons proviennent de chenilles parfois gargantuesque :

Une chenilles du paon de nuit (Saturnia pyri), le plus grand papillons de France. Celle-ci (environ 15 cm) était sur le point de se transformer.

Ce boudin caoutchouteux est la chenille du sphinx du troène (Sphinx ligustri), un papillon de nuit.

Bien sûr, toutes les chenilles ne sont pas ces adorables tubes de dentifrices fluorescents. Il en existe également un certains nombre plutôt poilues (raison de dégout, allez savoir pourquoi).

Chenille de Acronicta euphorbiae aux abords d'un marais de montagne.

Chenille de Robert le diable (Polygonia c-album) sur le point de se transformer en chrysalide. Quel scientifique à bien pu donner un nom pareil à un papillon ?

Chaque espèce de papillon ne pond ses œufs que sur une seule sorte plante (rarement plus).Si vous cherchez une chenille en particulier, il sera vous donc nécessaire de vous renseigner sur la "plante hôte" de ce papillon. C'est aussi la raison qui fait qu'un jardin contenant de nombreuses espèces de plantes sera très riche en lépidoptères (nom savant des papillons).
Si vous vous intéressez à ces bestioles, je vous conseil d'aller visiter ce site internet : http://www.papillon-poitou-charentes.org/ . Vous pouvez notamment y envoyer vos photos de chenilles fin de savoir de quelle sorte de papillon il s'agit.

A bientôt.

dimanche 12 octobre 2008

La mante religieuse

La mante religieuse (Mantis religiosa) est certainement l'insecte le plus impressionant de France, que ce soit par sa taille, ses moeurs barbares, son allure intimidante ou ses airs d'alien verdâtre. Mais c'est aussi l'un des plus beaux et des plus intéresssants, qui se laisse facilement manipuler par le naturaliste assez curieux.

Ici, une énorme mante religieuse trouvée en forêt d'Orléans (45). On reconnaît là une femelle grâce à son abdomen qui semble prêt à éclater tellement il est gorgé d'oeufs.

La mante religieuse est appelée ainsi à cause de sa première paire de pattes dont l'extrémité repliée la fait ressembler à une monstrueuse bonne soeur en train de prier. La mante se sert rarement de cette paire de pattes pour se déplacer, comme les autres insectes : c'est au contraire une arme offensive qu'elle utilise pour capturer ses proies. Regardez attentivement, chers lecteurs, la photographie : on y voit nettement que le bout des pattes est garni d'épines avec lesquelles la mante attrape ses malheureuses victimes (criquets, papillons, insectes en tout genres) comme avec une pince diabolique, avant de les mettre en pièces et de se repaître de leurs restes.

La même mante religieuse en train d'escalader une brindille.

La reproduction, chez les mantes religieuses, est en réalité un véritable meurtre prémédité. Le mâle, après avoir trouvé une femelle, s'accouple avec elle mais il semble tellement occupé à la féconder qu'il ne se rend même pas compte que sa dame a commencé à lui grignoter la tête... La femelle a en effet la mauvaise réputation de dévorer son partenaire pendant l'acte amoureux, probablement pour après reprendre des forces.


Les oeufs sont pondus dans une oothèque, une sorte de cocon collé à un support quelconque qui les protège du froid et des prédateurs pendant l'hiver, d'où sortiront un peu plus tard des dizaines de petites mantes religieuses aussi adorables que des enfants de choeur, prêt à perpétrer leur espèce à leurs risques et périls.

dimanche 5 octobre 2008

Carte géographique

En voyant le titre de cet article, vous vous êtes peut être dit "mince alors, il se lance dans la cartographie". Rassurez vous, ce n'est pas le cas. Car aussi étrange que cela puisse paraitre, la carte géographique (Araschnia levana) est un animal (un papillon pour être précis). En voici une photographie :

Carte géographique sur un brin d'herbe.

Vous vous demandez certainement "Pourquoi diantre un tel nom pour un papillon ma fois plutôt banal ?". Avec un peu (voir beaucoup) d'imagination, vous aurez la réponse sur la photo suivante.

On voit ici que le dessous de l'aile de ce papillon est orné de nombreuses lignes et autre décorations (vous pouvez cliquer dessus pour zoomer). C'est de ces motifs qu'il tire son nom, comme quoi les scientifiques on aussi de l'imagination.

Un de ces papillon sur une ombelle, fleur qu'il apprécie beaucoup.

Ce papillon est assez courant. Cependant, pour le reconnaitre, il faut prendre garde à un détail important : l'époque de l'année. En effet la génération printanière de ce papillon est orange avec de nombreux motifs noirs. Les individus de mes photos sont issus de la génération automnale, beaucoup plus noire. Seul le dessous de l'aile est un critère commun à tous les individus.
Cette espèce est assez courante dans les forêt claire, surtout à proximité d'une zone humide. On le trouve souvent sur les fleures telles que les ombelles (voir photo ci dessus). Admirez le en train de se nourrir, il est beaucoup moins craintif.

A bientôt.