samedi 11 février 2012

Râle d'eau et martin-pêcheur

Voici quelques observations réalisées cet hiver à l'Etang du Puits, un grand étang de Sologne, à la frontière sud du Loiret.


L'après-midi commence fort avec ce petit râle d'eau que j'aperçois à quelques mètres à peine de moi, en me rendant à l'observatoire. Peu farouche, il continue à slalomer encore une minute entre les tiges coupées avant de filer hors de ma vue dans les profondeurs de la roselière.


Une fois dans l'observatoire, je scrute la rive d'en face à la recherche du butor que j'y ai déjà observé il y a deux ans. (A l'époque le bougre daignait encore se montrer à découvert.)
Au bout de dix minutes, l'air sec et glacial commence à me fatiguer l'oeil droit, que j'ai choisi de visser à l'oculaire de ma lunette. Pour le ménager je commence à alterner avec le gauche. C'est alors qu'un martin-pêcheur fait irruption dans mon champ de vision. J'ai à peine le temps de le photographier qu'il reprend son envol...


... pour se reposer encore plus près.
On peut dire que le Martin-pêcheur est une valeur sûre de l'avifaune. Toujours aussi beau et fort en bec tout au long de l'année. En plein soleil, son plumage éclatant me permet enfin de me rincer les yeux.


Puis il repart. Quelques minutes passent, et un nouveau poitrail orange vient illuminer mon paysage visuel. Après vérification à la jumelle, ce n'est pas un feu follet ni même mon martin-pêcheur qui revient mais un simple rougegorge. Simple, mais on ne s'en lasse pas.
Finalement je repartirai sans avoir vu le butor.

dimanche 5 février 2012

Dans la Lune

A la nuit tombée, deux sombres individus sortent discrètement de leur repère. Silencieux, ils se retrouvent dehors et commence une étrange préparation. L'un scrute les alentours, la tête levée vers l'obscurité muette, semblant prêter une attention particulière aux épingles de lumières des étoiles. L'autre s'affaire autour d'un matériel incompréhensible ; trépied, tube, miroirs, poids, laser et oculaires s'assemblent sous ses mains pour former un objet dont la forme inquiétante se dresse peu à peu dans le ciel nocturne. Ce rituel terminé, il enlace l'appareil et le fait tourner doucement, obéissant à une logique connue de lui seul. Soudain, semblant satisfait, il fait un signe à l'ombre immobile à ses côtés. L'individu s'avance, se colle à l'appareil, laisse passer un peu de temps puis réprime une exclamation. Il saisit l'appareil photo qui pend à son côté comme une extension de lui même, l'applique contre l'outillage inquiétant et, après quelques secondes interminables, pousse un cri de satisfaction qui résonne dans la campagne silencieuse. Les étoiles semblent se pencher sur les deux protagonistes, maintenant réunis autour du cliché et le commentant avec excitation.
La deuxième ombre, c'était moi.
Voici la photo qui fut prise cette nuit là.


Sous des dehors de cliché manqué, cette image est probablement une de mes plus incroyables. En tout cas ma plus lointaine, ma plus exotique. Ce point lumineux n'est pas une luciole égarée, un lampadaire dans le lointain ou un oeil de chat dans la nuit. Ce point est 1300 fois plus volumineux que la Terre. Ce point se situe entre 600 et 1000 millions de kilomètres de notre planète. Ce point, c'est Jupiter.

Jupiter. La plus grande planète de notre système solaire. 2.5 fois plus massive que l'ensemble des planètes gravitant autour du Soleil. Tellement lointaine. 
Un ami et son télescope me l'on fait découvrir. Quelle émotion de découvrir quelque chose que l'on pensait inaccessible, d'admirer cela même que l'on connaissait sans l'avoir jamais vu. Bien sûr je connaissais les clichés ultra précis que nos satellites ont pu prendre de la géante ocre. Mais toutes ces photos, fussent-elles magnifiques, ne sauraient remplacer l'observation directe d'un petit point rougeâtre dans la fraicheur d'une nuit d'hiver.

D'autre nuit et d'autres observations suivirent. Ainsi je découvris Vénus la rouge, divers amas célestes, la nébuleuse d'Orion ou encore Sirius, l'étoile double "boule disco".
Et puis il y a quelques jours une nouvelle féérie s'invita dans l’oculaire du télescope. De ces
merveilles que l'on connait depuis trop longtemps pour y prêter attention. Il a suffit d'un regard pour que tout recommence : émerveillement, fascination, interrogation ...


La Lune. Le plus proche des corps céleste. Le plus connu aussi, que chacun d'entre nous a longuement contemplé. L’Oeil de la nuit, si l'on pense le connaître, n'en demeure pas moins mystérieux. Un télescope, et même de simples jumelles, nous montre ce que nous regardions sans l'avoir jamais vraiment vu. Loin d'être une simple sphère blafarde, notre unique satellite naturel expose alors une incroyable série de cratères, de mers (faites de lave refroidie) et de motifs, tous semblables mais jamais pareil.

La nuit, toutes les étoiles ne sont pas grises. Sortez et admirez ces belles de nuit. Imaginez les, tellement distantes, tellement grosses et pourtant tellement belles dans leur écrin de pénombre. 

Demi-lune,
Le ciel
Nous fait un clin d’œil.