Saurez-vous me dire de quoi s'agit-il... ?
Ce blog vous présentera nos propres photos et dessins de la nature, accompagnés d'explications le plus souvent véridiques (méfiez-vous, il y a des pièges !). N'hésitez pas à nous faire part de vos remarques, critiques ou commentaires, nous y répondrons autant que possible.
mardi 6 septembre 2011
jeudi 1 septembre 2011
Troublante tourbière, Ces plantes qui créent des mondes
La concentration de plantes et d'animaux incroyables est ici plus élevée que nulle part ailleurs, ce qui me permet de ne pas passer une journée sans découvrir quelque chose de nouveau, d'étonnant, de merveilleux ou d'effrayant (et parfois tout à la fois). Hélas, mon séjour touche à sa fin ; en effet, mon rapetissement n'est que temporaire et prendra fin dans très peu de temps, aussi cet article est-il probablement le dernier de la série "Troublantes tourbières". Mais comme auraient dit nos voisins d'outre Manche : "Last but not least", c'est à dire à peut près "Le dernier mais pas le moindre".
Aujourd'hui, c'est une plante étonnante qui a monopolisé une bonne partie de ma journée, une plante qui, sans en avoir l'air, est la principale responsable de la création d'un habitat extrêmement particulier typique des tourbières en formation : le radeau flottant. Avant d'en dire plus, laissez moi vous présenter la plante en question :
Autant il existe des plantes pénibles a force d'avoir des noms compliqués, autant celle-ci est sympathique de par la simplicité de son patronyme : le Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata). Mais sous cet aspect volontiers débonnaire se cache un formidable bâtisseur, l'architecte d'un univers incroyable. Explications.
Sa particularité s'exprime lorsqu'il pousse au bord de l'eau, sur la limite de la tourbière. Voyez ses feuilles, regardez plus bas, encore plus bas, vous voyez une tige tout ce qu'il y a de banal, vous passez sous le niveau du sol (ou plutôt le niveau de la mousse dans le cas de la tourbière) et là vous tombez sur une particularité qui fait de cette plante ce qu'elle est : son rhizome. Un rhizome est une sorte de racine qui pousse toujours plus loin pour donner de nouveau pieds tout au long de son parcours. Or ils sont nombreux ces rhizomes, et chacun essaye de gagner un peu d'espace à son compte la ou il peut en trouver, c'est à dire en mordant sur l'étendue liquide. Ils s'avancent, de plus en plus nombreux, toujours un peu plus loin que les précédents, s’entremêlant avec leurs voisins, formant des sacs de nœuds indescriptibles qui finissent par former un radeau de racines mêlées qui avance, avance petit à petit sur le plan d'eau. Ce radeau, simplement posé sur cet entrelacs racinaire, se peuple peu à peu d'une foule de plantes et d'animaux, formant un écosystème étonnant, une presqu'île végétale flottant au dessus d'un plan d'eau.
Dernier aperçu du ciel avant de pénétrer dans l'univers du radeau flottant.
Je ne vais pas vous parler de tout ce que j'ai pu voir sur ces radeaux, une encyclopédie n'y suffirait pas. Mais y a quand même quelque chose que je voudrais vous montrer. Un bel exemple de la variabilité végétale.
Hydrocotyle commun (Hydrocotyle vulgaris), aussi appelé écuelle d'eau. Impossible à confondre, cette plante affectionne les zones humides (pas seulement les tourbières) ou elle forme parfois des tapis étonnants.
Mais le plus étonnant chez cette plante est la famille à laquelle elle appartient : les Apiacées (anciennement Ombellifères). Plus clairement, elle est de la même famille que la carotte, le céleri, le persil, le cumin ou la ciguë. Si si, je vous assure. Après tout, chaque famille compte sa part d'original, de snob.
Je fini ici mon carnet de bord. L'expérience tourbière fut une réussite mais chaque chose à une fin et il faut maintenant que je quitte ce lieu chargé de souvenir pour retrouver d'un seul coup ma taille et ma vie normale. Dommage, je m'y était presque habitué a cette vie.
mercredi 24 août 2011
Troublante tourbière, Ces insectes d'air et d'eau
Si vous me connaissez un tant soit peu, vous savez que je ne pouvais entrer dans cette tourbière sans me mettre immédiatement à la recherche d'un groupe animal que j'aime entre tous : les Libellules. Comme presque tous les milieux humides, le monde où je me trouve est l'habitat d'un certain nombre de ces créatures.
Je ne vais pas m'engluer dans de longues et lourdes descriptions hallucinées, fut-ce pour glorifier tel ou tel détail étonnant ou amusant, elles n'en ont pas besoin. Et puis je suis fatigué ce soir, après une fructueuse mais néanmoins pénible journée.
Solution de facilité : une photo.
Alors que je grimpais laborieusement dans un des rares et maigres arbustes qui parsèment la tourbière, ce qui est la seule façon que j'ai de me repérer dans cet univers uniforme, un couple de libellules (mes premières) vint se poser à quelques centimètres de moi, visiblement gênées dans leurs déplacements aériens par leur étrange union. Je vous reparlerais de l'accouplement chez les libellules un jour prochain, événement banal prenant des tournures assez tarabiscotées. Mais on aura beau dire quoi que ce soit sur ce mode de reproduction, il n'empêche que je me trouvais alors à environ 30 centimètres de deux libellules mesurant un tiers de ma taille. Imaginez mon émotion.
Après quelques minutes immobiles, je ne pus réprimer un éternuement (nuit dans un sac de couchage humide = rhume) et les deux Lestes fiancés (Lestes sponsa, c'est bien eux) reprirent leur envol un peu laborieusement pour se retirer dans un endroit plus calme.
Le même jour, un peu plus tard, c'est une tout autre espèce que j'ai pu observer. Il s'agissait cette fois ci d'un Sympetrum noir (Sympetrum danae), espèce guère plus grosse que la précédente mais beaucoup plus nerveuse dont voici le portrait.
Celui-ci m'avait parfaitement vu, mais les libellules savent se montrer curieuses et celui-ci (car il s'agit d'un mâle) vint me fixer à environ 60 centimètres, agitant la tête nerveusement à chacun de mes mouvement mais ne s'envolant pas pour autant. Je tentais donc de m'approcher, mais la curiosité ne fait pas le poids face à la prudence chez ces animaux, aussi s'envola-t-il, tourna quelques instants au dessus de ma tête d'un vol vif et saccadé pour aller ensuite se reposer sur une autre tige un peu plus loin. Ce manège se reproduisis plusieurs fois puis il s'en fut, ennuyé par mes tentatives d'approche malhabiles ou pour mettre fin à une petite fringale. Je restais immobile pendant une bonne minute à regarder le ciel où il avait disparu d'un coup d'aile agile, encore sous le charme de cette rencontre miraculeuse.
J'ignorais que ma journée de trouvailles était loin d'être terminée. Quelques instants plus tard je tombais sur ce spectacle fascinant :
Malgré les apparences, cette libellule appartient à la même espèce que la photo précédente. Seulement celui-ci n'en est pas au même stade de développement. Si l'individu précédemment admiré était tout à fait adulte, celui-ci était en train de mettre fin à sa vie larvaire aquatique pour devenir l'aérienne créature que nous connaissons. La forme beigeâtre que l'on aperçois à droite de l'animal est la dépouille larvaire, appelée exuvie, sorte de peau morte ayant la forme exacte de la larve mais complètement vide, la libellule adulte en étant sortie par une fente sur le dos. Cette transformation n'est pas instantanée, le corps et les ailes devant se développer pour changer radicalement de forme, aussi pus-je admirer longuement la "seconde naissance" de cet individu. J'étais comblé.
Et pourtant la journée ne m'avait pas dévoilé toutes ses surprises.
C'est le soir, alors que je contemplais les reflets du paysage dans l'eau que surgit une autre de ces créatures, que voici.
Je réprimai un sursaut quand elle vint se poser à un mètre de moi, car ce n'était pas là n'importe quelle observation : je me trouvais en présence d'une Leucorrhine douteuse (Leucorrhina dubia), espèce plutôt rare et caractéristique des tourbières. Cette fois encore je tentai une approche, qui s'avéra fructueuse pour mon plus grand bonheur. La libellule semblait un peu âgée et la température baissait, aussi se montra-t-elle moins méfiante que d'ordinaire et je pus m'approcher à quelques 20 centimètres sans la faire fuir.
Ce soir j’eus beaucoup de mal à m'endormir, sans doute du fait de ce satané grillon qui s'évertua à donner de la voix malgré les moult projectiles que je lui adressais.
mardi 16 août 2011
Troublante tourbière : petite carte postale pour patienter
Pauvre Lucas ! Le téméraire explorateur est resté collé au piège gluant de la droséra alors qu'il finissait son dernier article. Il va donc nous falloir attendre encore quelques jours avant de poursuivre son journal de bord... Pour vous faire patienter, je vous transmet la jolie carte postale qu'il m'a envoyé depuis sa tourbière. La voici :
En espérant qu'il nous revienne vivant de cette effroyable aventure...
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