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samedi 22 octobre 2011

Intermède

L'automne plus que toute autre saison a su inspirer les poètes, apportant son lot de mélancolie et de champignons hallucinogènes. Mais il est un événement qui chaque année revient et a marqué à jamais l'esprit humain, tant par son incroyable réalité que par son fort symbolisme. Réfléchissez, que se passe-t-il en ce moment qui vous fera lever les yeux ? Ode à la liberté et au voyage, la migration des oiseaux me rappelle chaque fois cette chanson de George Brassens tirée d'un poème de Jean Richepin intitulée "Les oiseaux de passage".

Ô vie heureuse des bourgeois, qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne,
Ça lui suffit il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée
Et quand vient le moment de mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs « C'est là que je suis née,
Je meurs près de ma mère et j’ai fais mon devoir. »

Elle a fait son devoir, c'est a dire que onques
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.

Et tous sont ainsi faits, vivre la même vie
Toujours pour ces gens là cela n'est point hideux.
Ce canard n'a qu'un bec et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Ils n'ont aucun besoin de baiser sur les lèvres
Et loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
Possèdent pour tout cœur un viscère sans fièvre,
Un coucou régulier et garanti dix ans.

Ô les gens bien heureux tout à coup dans l'espace
Si haut qu'ils semblent aller lentement d’un grand vol
En forme de triangle arrivent, planent et passent
Où vont ils? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol.

Regardez les passer, eux, ce sont les sauvages
Ils vont où leur désir le veut par dessus monts
Et bois et mers et vents et loin des esclavages,
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez les avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un l'aile rompue et du sang plein les yeux
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère
Ils auraient pu se faire volailles comme vous
Mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Regardez les vieux coqs jeune oie édifiante,
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux
Et le peu qui viendra d'eux à vous c'est leurs fientes,
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

dimanche 5 juin 2011

Une charogne

A tous les lycéens de Première ! La bac de français est proche, et c'est pourquoi je vous invite sans plus tarder à réviser Baudelaire à qui l'on doit ce si beau poème, illustré par mes plus belles photos de cadavres.


Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.


Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
 
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

 

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en petillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

 

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhytmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

 

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !


Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

dimanche 24 octobre 2010

Mesdames et messieurs, bonjour.
Voila bien longtemps que je ne vous ai rien écrit. N'y voyez pas un manque d'inspiration ou une fatigue de ce blog qui m'aurais poussé à me reconvertir en moine bouddhiste.
En fait, j'ai juste repris l'école. Une école un peu particulière, en fait. Ayant passé mon bac, j'ai dû m'orienter dans les "études supérieurs", hydre sournois dont le seul nom fait frémir les malheureux qui doivent se plier à son rituel.
Toujours est-il que je me trouve désormais en BTS Gestion et Protection de la Nature (option Gestion des Espaces Naturels) en Corrèze. L'intitulé en lui même laisse présager la teneur de cette formation : on nous apprend à connaitre la nature et à la protéger. Vous imaginez ma joie. Pour vous donner un petit aperçu, voici quelques photos que j'ai prise, j'insiste là dessus, en cours.

 La callune (Calluna vulgaris), "bruyère" des landes sèche étendant son tapis violet dans les vastes étendues du plateau de Millevaches (j'adore ce nom).

La dolomède (Dolomedes fimbriatus), fameuse araignée des zones humides qui peut marcher sur l'eau, voir même s'immerger totalement. Ainsi il arrive qu'une araignée capture un poisson. Vous y auriez cru, vous ?

Superbe chenille de Noctuelle de la Persicaire (Melanchra persicariae), habilement dissimulée sur une fougère aigle (Pteridium aquilinum).

Comme vous le voyez, je suis loin de m'ennuyer. Cette nature foisonnante me donne de quoi faire pour longtemps.
Vous aussi, continuez de vous promener et de tout observer.

A bientôt.

dimanche 17 janvier 2010

Mes plus belles photos ratées

Malgré mon talent incontestable, il m'arrive de temps en temps de rater des photos. Et encore plus rarement, ces photos s'avèrent être bien ratée. En clair, elles donne quelque chose d'inattendu et de pas toujours aussi ratée qu'on crois. Parfois, c'est une maigre consolation en regard de la photo réussi qu'elle aurait été, mais certaines donne des résultats surprenant et pas décevant le moins du monde. Voici la première publication de ces photos, il y en aura d'autres.

Ce jour là, je suis passé à côté d'un rêve (waow, quelle formule). L'éclair de cette photo est une cordulie bronzée (Cordulia aenea), une magnifique libellule au corp vert métallique. Photographier un libellule en vol est une tache assez malaisée, mais un résultat réussi serait magnifique. C'est raté.

Peut être certain vont ils hurler au moindre effort alors je préfère avouer tout de suite : cette photographie à déjà été postée sur ce blog. Toujours est il qu'elle convient parfaitement pour l'article d'aujourd'hui.
Essayez de photographier un papillon posé. Peut importe le nombre d'essai que vous ferez, le papillon aura les ailes fermées. Peut être n'est ce pas de la méchanceté de la part de l'insecte, mais alors pourquoi ?

Photo rasante sur une plage avec en premier plan un coquillage blanc strié. Superbe. Évidement l'appareil photo n'était pas d'accord et préféra une mise au point plus abstraite, en plein sur le coin le plus vide de l'image. J'aurais pu la refaire, mais je ne l'avais pas remarqué. Tant pis.

Un de mes plus grand regret. Mon appareil photo (encore lui, décidément tout est de sa faute) réagi à la vitesse d'un limaçon piqué à la morphine, et ce n'est pas toujours suffisant. En l'occurrence, je vis s'envoler (c'est cas de le dire) l'espoir d'une photo de héron cendré (Ardea cynerea) en vol.

Une seule conclusion à cet article : quand vous ratez vos photos, faites le bien.
C'est déjà ça.

mardi 2 septembre 2008

Mentalité déplaisante

Il existe encore ça et là quelque irréductible anti-écolo qui argumente leur opinion de façon fort précise. Vous verrez ci-dessous un dialogue entre un naturaliste en ballade et un de ces joyeux personnage. Ce texte est entièrement véridique, même les passages absurdes (vous verrez qu'il y en a).

Marclopt, bords de Loire. Un homme en cuissardes de pêcheur, un seau à la main, ramasse des mûres sur le bord du sentier. Bonjour, il me fait. J'apprécie. Sympa.
- Ca mord, je lui dit ? Il m'arrive parfois d'être hyper drôle. C'est tombé aujourd'hui. Parce que je suis bien, qu'il fait doux, qu'il n'y a pas de moustiques et que je vais voir les petits oiseaux en vélo.
- Il est bon le chemin en VTT ? Qu'il me fait. Et là j''appuie sur le patin à freiner car je sens bien que le quidam a envie de parler.
- Il est bien, je réponds. Il se referme un peu par endroits, j'ajoute en faisant allusion aux griffures provoquées par des ronces sur mes mollets de postier anémique.
- C'est pas finit...qu'il fait l'oeil sombre.
- C'est pas finit ? Je questionne en sentant qu'il y a un petit abcès à crever sans savoir lequel.
- Il a pas finit de se refermer le sentier. C'est à cause de ces cons d'écolos. Moi je les aime pas c'est tous des cons. C'est comme l'autre, leur chef là, le Kon...l'allemand là, j'sais pas quoi, qui se la pète d'avoir fait 68 ! Et bien il avait un fusil dans sa voiture !
- Ah bon, que j'fais dépité. C'est horrible.
- Moi je suis pêcheur depuis l'âge de 12 ans et j'en ai 78 ! Vous vous rendez compte ?
- Pas bien, je fais en prenant l'air le plus compatissant possible.
- Et bien j'ai jamais vu ça ! Ils cassent la nature. Moi j'participe à leurs réunions avec l'autre directeur là, et je leur dit que c'est tous des cons.J'me gêne pas !
- Ah...
- Alors je vous le dit, les écologistes ça sert à rien, il en faut d'accord, mais pas des cons. Et il n'y a que des cons ! Je ne les aime pas.
Quelques guêpiers nous survolent. J'entends leurs cris. Je n'ose pas les regarder. Je ne veux pas avoir l'air de trop m'intéresser. Lâche.
- Moi j'adore la pêche. La friture. Je ne pêche que la friture. Et bien il n'y a plus rien. Plus rien. Avant il y avait de la vandoise, du vairon... plus rien. Plus de pêcheurs. Les sentiers ne sont plus entretenus. On peut plus venir en voiture jusqu'ici. A cause de tous ces cons ! Il n'y a plus que du chat. Vous connaissez ?
- J'en ai un, je dis.
- Pardon ?
- Un chat j'en ai un.
- Et bien ils ont lâchés des silures pour bouffer les chats.
- Mince.
- Et les silures ils ont bouffés tous les autres poissons. Sauf les chats. C'est malin. C'est comme les cormorans. J'en ai jamais vu ici des cormorans depuis que je suis né. Et bien maintenant à cause des écolos il y en a de partout. Faut être con pour les protéger. Ca s'mange pas le cormoran. Sauf les oeufs. J'ai un copain qui a essayé. Il l'a tué, plumé, et bien même les cochons n'en ont pas voulu ! Ils cassent la nature je vous dit !
Je sentais bien que je n'aurai jamais dû dire que le sentier se refermait sur mes guiboles. Maintenant j'allais payer pour les autres. Tous les autres. La phrase de trop. Jusqu'à "ça mord" c'était bien mais après il n'aurait pas fallut lâcher les pédales.
- Et la renouée du japon !
Allons bon de la botanique maintenant, je pense en matant discrètement une rousserolle qui s'approche.
- Ils disent que ça fait 300 ans qu'elle est là. Moi ça ne fait que 5 ans que j'en vois. C'est eux tous ces crétins qui l'ont semé de partout. Ils détruisent tout !
Il mime le geste auguste du semeur. Je regarde mon guidon. Bertrand, qu'est-ce que t'aurais dit toi ? A la place du gars qui voulait juste faire une balade sympa sur le bord de Loire ?
- Et ils replantent des arbres. Vous savez des trucs qui piquent là. Des... mais pire. Et ils mettent des panneaux devant.
- Des accacias ?
- Oui. C'est ça. Des accacias. Mais une autre espèce avec des épines comme ça ! (il montre au moins six centimètres d'épine)
J'ai vu ça en Guyane. C'est pas sympa de mettre ça au bord de la Loire.
- Après on se transperce les mains si on y touche. La Loire sauvage, qu'ils disent ces cons d'écolos. La Loire sauvage ! Ils ont qu'à mettre des bananiers et des lions ! Rendez vous compte, ici ils ont même lâchés des sphinx !
- Des sphinx ?
Là, j'voyais pas bien. J'ai d'abord pensé aux papillons. Ceux avec une tête de mort. Et c'est vrai que c'est pas cool de se balader avec une tête de mort sur le dos devant les gens. Je peux comprendre.
- Heureusement les chasseurs les ont dégagé !
- C'est quoi les sphinx ? Je fais l'air un peu benêt.
- C'est comme un chat. Plus gros avec des poils plus longs. Et des grandes oreilles.
Des lynx. Je pige. Tout se fait vraiement en douce. Personne ne m'avait rien dit.
- Voilà, des sphinx. Ils cassent la nature. Et avec leurs caisses de serpents pareil. J'en ai encore trouvé ce matin. Rouge avec des ronds sur le côté.Vous savez ce que c'est ?
- Une boîte de smarties ?
- Une vipère ! Quand je me suis approché elle m'a sauté dessus. Je lui ai dit "attend, garce tu vas voir !" Elle a pas recommencé ! Ca pique ça. C'est comme le barbeau.
- le barbeau ?
- Vous connaissez pas ? Un corps allongé, épais avec de la barbe.
- Ben ?
- Personne ne veut en manger. C'est délicieux mais ça pique. Et moi je sais les cuisiner. Au vinaigre. Je les fait mariner 7 jours. Après on ne sent plus les arrêtes.
Et mon quidam m'a donné gentiment la recette du barbeau mariné qu'il tient de sa mère qui elle même...
Bref, je vous épargne les ingrédients et d'autres allégations croustillantes sur les cons...
- Echappez pas vos mûres, que je lui ai dit. C'est toujours ça que les écolos n'auront pas.

Il y a des rencontres qui valent leur pesant de ragondin. Ca se passe chez nous, dans la Loire en 2008 et c'est aussi de l'ornitho !

Vincent Brouallier


Des type comme ça, j'espère bien qu'on en fait plus. Si vous partagez l'opinion de ce monsieur (surtout le passage "écolos : tous des cons"), je vous prie d'argumenter votre point de vue dans les commentaires. J'y répondrais sans faute. Si, en revanche, vous réprouvez ce genre de pensée rétrograde, je ne peut que vous féliciter chaudement.
Et vive les écolos !

A bientôt.