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samedi 19 mai 2012

Gorges de l'Allier - Pré à Combret

Après quelques explorations au bord de l'eau, retour au gîte, à Combret, où nous allons profiter de notre dernière matinée dans les gorges de l'Allier pour nous faire tout petits et explorer le petit pré en contrebas de notre logement, une jungle luxuriante d'orties et de pissenlits.


Difficile d'avoir une vue dégagée au milieu de cet enfer vert !
Qu'est-ce donc qui se cache derrière les herbes ? est-ce le dos poussiéreux d'un éléphant des forêts que l'on aperçoit ?


Après avoir écarté le voile de feuillage à coups de machettes, nous pouvons enfin reconnaître l'énorme animal qui broute devant nous : Helix pomatia, l'Escargot de Bourgogne. Avec sa coquille de 5 centimètres de diamètre, c'est le Duc des escargots, le véritable pachyderme, que dis-je ! le diplodocus de ce pré.


Horreur ! la montagne de chair blanc-crème et baveuse darde ses tentacules et se tourne vers nous ! va-t-elle nous engloutir ? Non, heureusement le Duc est un paisible herbivore et veut seulement nous faire un bisou. Puis il disparaît à nouveau au coeur de son domaine touffu, rongeant et avalant tous les végétaux qui se trouvent sur son passage dans d'effroyables bruits de mastication et ne laissant derrière lui qu'une traînée de bave large comme une quatre-voies.


Quelques mètres plus loin, nos pas nous amènent tout droit sur... un anaconda !


Réfugiés en haut d'une tige, nous pouvons constater que le reptile anguiforme qui nous a effrayé n'est pas un gigantesque boïdé mais un orvet femelle. Quel plaisir de voir pour une fois ce lézard sans pattes en un seul morceau, et non coupé en deux quand ce n'est pas en quatre par un chat errant, une roue de vélo ou encore une bêche de fermier. Pour plus de renseignement sur ce reptile, dirigez-vous . Moi, je crois que je vais attendre qu'il s'en aille pour redescendre de mon herbe...

lundi 7 mai 2012

Gorges de l'Allier - Route de Prades à Langeac

En quittant Prades, empruntons la route D48 qui relie le hameau à la petite ville de Langeac en passant à travers les gorges de l'Allier. Le ciel, couvert dans la matinée, s'est dégagé dans l'après-midi, réchauffant rapidement l'air et promettant de belles sorties de reptiles.


Le premier d'entre eux à montrer ses écailles est une vipère aspic (Vipera aspis) toute rousse, d'environ 60 cm. Après avoir traversé la route, elle se réfugie au creux d'un muret en pierre d'où elle ne laisse dépasser que sa tête, ce qui me permet de la photographier sous tous les angles.


Un profil caractéristique : grosse tête triangulaire et museau légèrement retroussé.


D'autres serpents ont eut moins de chance avec les voitures, cet après-midi, comme cette jeune couleuvre de 20 centimètres qui s'est manifestement fait rouler sur la tête :


Ses écailles carénées trahissent une couleuvre d'eau ; trapue et zébrée comme une vipère, c'est sans doute une jeune couleuvre vipérine (Natrix maura). Elle est souvent décrite comme la plus aquatique de nos couleuvres, se nourrissant de poissons et de divers invertébrés aquatiques, aussi n'est-il guère surprenant de la rencontrer au bord de l'Allier.


La nuit venue, une troisième espèce de serpent se risque sur le macadam encore chaud, avec heureusement plus de succès que la couleuvre vipérine : malgré son collier jaune, ce n'est pas une couleuvre à collier mais une jeune couleuvre d'Esculape (Zamenis longissimus) de 30 centimètres dont les motifs bigarrés disparaîtront avec l'âge.

samedi 31 mars 2012

La route de l'estran

Avant que l'île de Noirmoutier ne soit reliée au continent par un pont, il fallait, pour s'y rendre, attendre que la mer soit assez basse pour traverser l'estran à pied. Une course contre la marée, au coeur d'un territoire hostile infesté de crabes et semé de sables mouvants ! Pour faciliter le passage des véhicules, la voie la plus empruntée, le passage du Gois, fut à partir du XVIIIème siècle balisée, empierrée, pavée, et enfin goudronnée pour aboutir au tableau surréaliste que l'on peut admirer aujourd'hui : une départementale submersible de 4,2 km, traversant le bras de mer de part en part.


Le Gois à marée basse vu du haut d'une balise en bois, en direction de l'île de Noirmoutier.

Cette route de l'estran est la plus longue en son genre de France et même, selon le site officiel du Gois, de toute l'Europe. J'ai pu la traverser pendant les dernières vacances de février, un matin, à marée basse.


Sur l'île, au bord du Gois, ce lézard des murailles a choisi un drôle d'endroit pour thermoréguler : un tas d'algues pourrissantes.


Un visiteur inattendu...

Alors que la mer remonte, les grandes vasières de part et d'autre du Gois se couvrent de canards et de limicoles : bernaches cravants, tadornes de Belon, bécasseaux variables, barges à queue noire, courlis corlieux, tournepierres, pluviers argentés, huîtriers pies, grèbes castagneux, vite rejoints par un busard des roseaux en maraude. Parmi tous ces oiseaux je finis par apercevoir, comme perdu au milieu du troupeau d'échassiers, un petit animal rond et poilu qui se dandine nerveusement...


Le rat musqué pique un sprint au milieu des algues.

Manifestement, c'est un gros rongeur. Il s'approche de moi, assez près pour que je puisse le toucher, avant de se cacher sous une grosse pierre du bord du Gois. Mais j'ai eu le temps de l'identifier : c'était un rat musqué, reconnaissable à sa tête de rat plate et à sa queue comprimée latéralement, alors que le Ragondin a la queue ronde et une tête plus typée avec des moustaches blanches et des incisives orange. Curieuse apparition de la part d'un mammifère que l'on observe d'habitude en eau douce !


A la fin de la journée, la mer a entièrement recouvert le macadam, et le Gois nous gratifie de quelques dernières visions surréalistes comme ces panneaux à demi submergés. Pour rentrer, il va falloir prendre le pont.

mercredi 20 juillet 2011

Orvet

Lisse, lent et luisant, dépassant rarement les 50 cm, il vous est peut-être déjà arrivé de croiser ce timide reptile brun et vermiforme au cours d'une balade en forêt : plutôt discret, il se montre à découvert lorsqu'il essaye péniblement de traverser le chemin caillouteux et disparaît dès qu'il a retrouvé la fraîcheur et la volupté de l'humus.


Orvet femelle. NB : la femelle se reconnaît à sa coloration contrastée (dos clair et flancs foncés), alors que le mâle est uniformément brun, parfois avec de petites taches bleues (Chanteau, Loiret)

Malgré les apparences, l'Orvet n'est pas un serpent mais un lézard sans pattes (non, ce n'est pas la même chose !). Pour s'en assurer, il suffit de retourner la bête : force est de constater qu'elle possède plusieurs rangées d'écailles ventrales comme tous les lézards, alors que les serpents n'en ont qu'une. Un examen à la loupe révélera également la présence de paupières mobiles, dont sont dépourvus les vrais serpents. Autre différence : comme chez les lézards et contrairement à la plupart des serpents, mâles et femelles n'ont pas les mêmes couleurs (voir photo ci-dessus).
Relativement rigide, l'Orvet se brise facilement en deux lorsqu'il est malmené par un prédateur (chat ou autre petit carnivore). Comme les autres lézards, sa queue, qui représente plus de la moitié de sa longueur totale, peut se casser lors de l'attaque pour lui permettre de fuir (autoamputation ou autotomie). Cependant elle ne repoussera pas entièrement mais sera juste remplacée par un court moignon. Cette fragilité bien connue des paysans lui a valu son ancien nom trompeur de "serpent de verre" ainsi que son nom latin : Anguis fragilis, le "serpent fragile".


La même femelle (Chanteau, Loiret)

En raison de sa lenteur, l'Orvet ne peut guère surprendre ou poursuivre des proies trop rapides comme des insectes. Il se contente donc d'arpenter le sous-bois forestier (ou quelques fois les potagers) en quête de vers, de limaces ou de cloportes.
L'accouplement a lieu entre début mai et fin juin. D'après La Vie secrète de la Nature en France, volume 1, éditions Atlas, ce dernier pourrait durer plus de vingt heures (bien que Le Guide herpéto de Delachaux et Niestlé indique, lui, une durée n'excédant pas dix heures). Quoi qu'il en soit, la ponte s'effectue trois mois plus tard. Les Orvets sont ovovivipares, c'est-à-dire que l'oeuf, qui consiste en une simple membrane, éclot dès qu'il est pondu. S'ils ont de la chance, les petits orvets pourront espérer vivre très vieux pour des lézards : le record de longévité est en effet détenu par un spécimen du zoo de Copenhague qui vécut 54 ans, de 1892 à 1946. Détail amusant, même après leur mort les orvets gardent quelques temps le même aspect : leurs écailles sont en effet composées d'une partie osseuse - l'ostéoderme - qui met plus de temps à se décomposer et continue donc à recouvrir le squelette comme une peau.


Jeune orvet reconnaissable à son dos doré traversé par une ligne noire (Ingrannes, Loiret)

A part Anguis fragilis, on trouve deux autres espèces d'orvets en Europe, toutes deux en Grèce : l'Orvet du Péloponnèse (Anguis cephalollonicus), très semblable au précédent, et le Sheltopusik (Pseudopus apodus, anciennement Ophiosaurus apodus), un monstre de 1,40 capable d'avaler un petit serpent !
Mais les Orvets ne sont pas les seuls lézards sans pattes : les Amphisbènes (d'ailleurs parfois considérés comme un groupe à part parmi les Squamates), reptiles fouisseurs du Nouveau Monde et du sud de l'Europe, et certains seps, petits lézards méditerranéens, ont eux aussi perdu leurs membres au cours de leur évolution. Ce phénomène se retrouve chez les Amphibiens avec les Gymnophiones, ordre tropical totalement dépourvu de pattes, les Sirènes, famille d'urodèles nord-américaine qui conserve seulement ses membres antérieurs, et les Amphiumes, autre famille d'urodèles originaires de Floride aux quatre membres atrophiés. Comme vous pouvez le constater, les Serpents sont donc loin d'être les seuls tétrapodes... apodes.

jeudi 14 juillet 2011

Couleuvre verte et jaune

Malgré son nom, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus, anciennement Coluber viridiflavus) n'a pas une seule écaille verte. Sa robe n'en demeure pas moins originale, puisqu'elle est entièrement jaune et noire, ce qui, vous en conviendrez aisément, en fait de loin le plus beau de tous nos serpents.


Couleuvre verte et jaune tapie dans le bocage deux-sévrien (Coutières, Deux-Sèvres)

Avec de telles couleurs, cette grande couleuvre, qui peut atteindre 1,50 mètre, est facile à reconnaître. Le motif des flancs est caractéristique : près de la tête, l'alternance entre écailles jaunes et écailles noires est d'abord transversale, et devient progressivement longitudinale au fur et à mesure que l'on se rapproche de la queue.


Et si vous tombez sur une mue, vous pouvez toujours essayer les écailles de la tête : 2 temporales (a), 2 postoculaires (b) et 2 préoculaires.


Le regard perçant de la Couleuvre verte et jaune (Coutières, Deux-Sèvres)

Plus robuste que la Couleuvre d'Esculape, la Couleuvre verte et jaune est connue pour se nourrir, en plus de petits rongeurs, d'autres reptiles. Ce sont principalement des lézards (jeunes lézards verts, orvets) mais aussi, à l'occasion, des serpents plus petits qu'elle comme la Vipère aspic.
Lorsqu'elle se met en chasse, la couleuvre ne traque pas ses proies à la vue (gênée par l'herbe) ni à l'ouïe (dépourvus d'oreille externe, les serpents ne sont sensibles qu'aux très basses fréquences, c'est-à-dire pratiquement sourds) mais au "goût" (en réalité le sens voméronasal, dont nous sommes dépourvus mais qui est particulièrement développé chez les serpents) : la langue bifide que la couleuvre projette à intervalles réguliers capte les molécules présentes dans l'air, lesquelles sont ensuite analysées par l'organe de Jacobson (ou organe voméronasal), situé dans le palais, qui détecte la présence des phéromones. Ces dernières lui permettent également d'identifier son déjeuner avec précision ou, dans un autre registre, son partenaire sexuel.
Sont-ce ses mœurs ophiophages qui lui donnent autant de caractère ? Toujours est-il que, si elle se sent menacée, la Couleuvre verte et jaune n'hésite pas à mordre ni à se servir de son propre corps pour frapper son agresseur. Ce comportement lui a valu un autre nom vernaculaire plutôt rigolo : le Fouet.


Couleuvre verte et jaune écrasée sur une petite route brennouse (Mézières-en-Brenne, Indre)

Bien que son nom de genre Hierophis  signifie "serpent sacré" en grec, le Fouet n'est pas moins épargné que les autres reptiles par les automobilistes, prédateurs involontaires autrement plus destructeurs que le Circaète ! Alors, amis conducteurs, si vous ne voulez pas anéantir sous vos roues un aussi bel animal et à plus forte raison un engrenage indispensable de la machine écologique, soyez vigilants sur les routes de campagne, et n'hésitez pas à freiner... si vous voyez passer le Fouet.

La semaine prochaine, ne vous y méprenez plus, ce n'est pas un serpent : l'Orvet.

vendredi 8 juillet 2011

Couleuvre d'Esculape

Une autre couleuvre : la Couleuvre d'Esculape (Zamenis longissimus, anciennement Elaphe longissima).


Couleuvre d'Esculape (Coutières, Deux-Sèvres)

Ce serpent a la réputation de grimper aux arbres pour dénicher les oisillons dont il est friand. Il est vrai que c'est un bon grimpeur, amateur d'oeufs, de petits oiseaux voire de chauves-souris, mais en réalité la majeure partie de son alimentation est constituée de micromammifères terrestres (musaraignes, campagnols) qu'il capture au fond de leurs terriers et tue par constriction avant de les avaler, afin de ne pas être blessé par un coup de dent ou de griffe.
En raison de ses moeurs - partiellement - arboricoles, la Couleuvre d'Esculape affectionne particulièrement les bocages, milieu qui, avec ses haies, lui offre à la fois des arbres où grimper et du soleil.



Couleuvre d'Esculape mise en fuite par votre reporter de l'extrême (Coutières, Deux-Sèvres)

L'identification est relativement facile : c'est un grand serpent svelte (moins trapu que les Couleuvres d'eau) qui peut atteindre les 2 mètres, avec une tête très fine. D'un brun-vert olive uniforme, mis à part quelques traces blanches diffuses sur les flancs, il se caractérise par l'absence de réels motifs le long du corps. Contrairement à la Couleuvre à collier, seuls les bords des écailles ventrales sont carénés, peut-être pour lui assurer une meilleure prise aux branches. Plus méridional que cette dernière, il est absent du nord de la France. Attention toutefois : dans le Midi, deux espèces lui sont assez semblables : la Couleuvre à échelons (Rhinechis scalaris) qui s'en distingue par la présence de deux lignes brunes le long du dos, et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) qui n'a pas franchement la même tête mais à peu près la même coloration.



Pour être sûr, mieux vaut encore s'en rapporter aux écailles (et encore ! la Couleuvre à échelons a malheureusement les mêmes) : 2 écailles temporales (a), 2 postoculaires (b) et 1 préoculaire (c).


De gauche à droite : le bâton d'Esculape, le caducée et la coupe d'Hygie (images provenant de drblaney.com et wikipédia)

En raison de sa docilité lorsqu'on la manipule, la Couleuvre d'Esculape a souvent incarné pour les Hommes, et plus particulièrement les Grecs, des valeurs positives peu anodines pour un serpent. Son nom vient en effet du dieu Asklépios (ou Esculape pour les latinistes), dieu grec de la médecine. Un sanctuaire lui était dédié à Epidaure, dont le temple abritait un véritable élevage de ces couleuvres sacrées, son attribut étant en effet un bâton avec une couleuvre d'Esculape enroulée autour. Ce qui nous a donné le bâton d'Esculape, symbole de la médecine. La fille d'Esculape, la déesse Hygie, avait, elle, une coupe ornée de la même couleuvre, aujourd'hui symbole des pharmaciens.
Une autre légende est à l'origine du fameux caducée : un beau jour, alors qu'Hermès, dieu du commerce, se baladait dans la campagne grecque, il tomba sur deux serpents entrelacés qu'il entreprit alors de séparer avec le joli bâton doré que venait de lui offrir son demi-frère Apollon, dieu des arts. Les deux serpents s'enroulent alors autour du bâton doré, donnant naissance au caducée, de nos jours symbole de l'éloquence.

Décidément, l'été sera reptilien ! La semaine prochaine, ne manquez pas la Couleuvre verte et jaune sur Quelques images de la nature.

samedi 2 juillet 2011

Couleuvre à collier

Ah, l’été… une saison idéale pour observer les reptiles ! A commencer par celui-ci : la Couleuvre à collier (Natrix natrix).


Couleuvre à collier (Coutières, Deux-Sèvres)

De tous nos serpents, c’est le plus commun. Présente dans presque toute l’Europe, la Couleuvre à collier a su s’adapter aussi bien à la chaleur caniculaire de l’Andalousie qu'au froid sub-polaire de la Scandinavie. Mais si vous en croisiez une cet été, sauriez-vous au moins la reconnaître ?


Corps brun barré de noir                 Double collier jaune et noir

C’est un grand serpent (jusqu’à 1,20 mètre) au corps brun barré de noir. Il se reconnaît facilement – du moins lorsque la tête est visible – au double « collier », jaune à l’avant et noir à l’arrière, qui lui a donné son nom.
Sur les spécimens morts ou les mues, ces couleurs sont cependant estompées et ne suffisent plus à la détermination. Il faut alors sortir sa loupe et examiner les écailles de la tête comme sur la photo ci-dessous :



1 écaille temporale (a), 3 écailles postoculaires (b) et 1 écaille préoculaire : voilà ce qui la différencie à coup sûr de tous les autres serpents. Vous en profiterez pour notez les caractères propres aux Couleuvres (du moins celles de France) : un museau rond, de très grandes écailles sur le dessus de la tête et une pupille ronde. Et si vous avez vraiment le sens de l’observation (et une loupe sur vous), vous remarquerez que les écailles du corps sont carénées.

 

Cette mare de lisière constituerait un terrain de chasse idéal pour une couleuvre à collier (Bucy-le-Roi, Loiret)

Ces écailles carénées, attribut des couleuvres d'eau de genre Natrix, trahissent une préférence pour les milieux aquatiques (Natrix signifie d'ailleurs en latin "Hydre"). Excellente nageuse, elle ondule le plus souvent en surface, la tête émergée. Lorsqu'elle repère une proie (grenouille, triton ou poisson), elle est capable de plonger sous l'eau pour la poursuivre en apnée. Une fois qu'elle l'a attrapée, elle retourne sur la berge pour l'avaler sans autre cérémonie, étant bien sûr dépourvue de crochets à venin comme la plupart des couleuvres européennes.
La digestion peut alors commencer. C'est une opération risquée pour le serpent qui doit digérer le corps intact de sa proie avant sa putréfacition, qui libérerait des germes mortels dans le corps du reptile. Les enzymes digestives atteignant leur maximum d'activité vers 30°C, la couleuvre va donc chercher à se rapprocher au maximum de cette température, en s'exposant au soleil par exemple (rappelons en effet que les reptiles sont ectothermes, c'est-à-dire que la température de leur corps varie en fonction de celle du milieu, contrairement à nous, pauvres endothermes qui sommes obligés de la maintenir constamment à 37°C). En cas de danger, elle se retourne sur le dos, gueule béante et langue pendante, en émettant une odeur nauséabonde pour faire croire à un cadavre.
L'accouplement a lieu au printemps. La femelle, plus grande que le mâle, pond une trentaine d'oeufs dans un tas de fumier, la chaleur générée par la décomposition favorisant l'incubation (hum... voilà qui aurait dû inspirer ce cher Baudelaire). Pas besoin de perdre son temps à couver comme ces stupides volatiles ! Six à dix semaines plus tard, les petits éclosent, de la taille de vers de terre, déjà reconnaissables à leur collier jaune. Donc si vous avez un jardin et que vous aimez les reptiles, un compost s'impose : il fera un très bon nid et vous aurez rendu un fier service à la gent ophidienne.

Et la semaine prochaine sur Quelques images de la nature, découvrez deux nouvelles couleuvres françaises : la Couleuvre d'Esculape et la Couleuvre verte et jaune.

samedi 4 septembre 2010

La tortue miroir

Il existe beaucoup d'espèce de tortues, et nombres d'entre elles sont inconnues du public. Car la tortue a beau être fort sympathique, la plupart des gens considère qu'elle n'a pas plus d'intérêt que l'état de santé buco-dentaire de George W. Bush. Ce en quoi ils se trompent. Nous allons, pour le prouver, présenter aujourd'hui une de ces multiples espèces qui a développé une particularité étonnante, inégalée dans tout le règne animal.

Mais avant de passer à la suite, un petit cours de physique est nécessaire.
La kératine est une molécule bien connue : nos ongles et nos cheveux en sont formés. Et la carapace des tortue en est recouverte. Cette matière, selon l'agencement microscopique des molécules (alignée, en bloc, en feuillets, en cristaux, ...), peut prendre des aspects complètements différents : ongles, griffes, poils mais aussi plumes ou écailles. Cette disposition et une pigmentation variée donnent à cette matière d'innombrables apparences, changeant sa couleur ou sa texture.
Il est une forme de cette matière que l'on ne retrouve que chez une espèce : la Tortue miroir (Testudo speculis). Cet animal possède en effet la particularité d'avoir une carapace possédant toutes les propriétés du miroir (d'où son nom à l'originalité douteuse).
Mais, me direz-vous, quel est l'intérêt pour la tortue de se balader avec une moitié de boule à facette sur le dos ? Voila une question légitime et, par bonheur, j'en possède la réponse.

Les écailles, légèrement mobiles nous verrons pourquoi, reflète l'environnement immédiat du reptile. Cette particularité due aux propriété réfléchissante de la carapace a pour conséquence de camoufler presque parfaitement la tortue miroir dans son environnement. L'espèce vit plutôt en forêt, un espace ou toutes les directions se ressemblent, aussi est il très difficile pour ses prédateurs occasionnels de la trouver.

Bien sur, vous aurez pensé comme moi à l'éventuel éclat qui, repéré par des yeux malveillants, pourrait signaler la tortue à ses ennemis. Et bien ne vous en faites pas, la tortue miroir a plus d'un tour dans sa carapace. En effet, elle est assez aplatie, ce qui lui permet d'une part de pouvoir se faufiler facilement dans les fourrés, et d'autre part de ne refléter les rayons du soleil que dans des directions proches de la verticale. Mettez un miroir à plat, ou presque, par terre, vous ne serez ébloui qu'en vous trouvant juste au dessus. Pour la tortue, cela signifie qu'elle ne risque de se dévoiler qu'aux yeux d'un prédateur déjà situé au dessus d'elle. Dans ces circonstances, l'ennemi l'a de toute façon probablement déjà repéré, aussi ne risque-t-elle pas grand chose de plus.

Le fait de se retrouver en face d'un de ses semblable au moment ou l'on pense attaquer une proie facile est déconcertant pour la plupart des prédateurs, qui préfèrent laisser tranquille cette étrange créature changeforme.

Si la tortue se trouve en danger, menacé par un prédateur aux yeux habiles, elle dispose d'un autre moyen de défense. En effet, je vous ai dis que les écailles de cette espèce sont légèrement mobiles. Il s'agit là aussi d'une particularité unique chez les chéloniens. La tortue apeurée fait bouger ses écailles, toutes ensembles. Pour peu qu'elle soit au soleil, ce qui lui arrive fréquemment puisqu'elle cherche la chaleur, les reflets de celui-ci dans la carapace éblouiront inévitablement l'adversaire qui fuira devant l'éclat blessant.

Un éclat de lumière, tel que celui-ci, est généralement tout ce que l'on a la chance d'observer de cet animal discret. Cette photo a été prise au zoo de Reykjavík, dans la serre des reptiles, où se trouvent 8 individus de cette espèce.

Avec l'age, la carapace se raye, s'abime, se salie, aussi est-elle de moins en moins réfléchissante. Cependant, la survie de l'animal n'en est que peut affectées. En effet, cette défense est principalement conçue pour protéger les jeunes encore vulnérables, les individus âgés étant assez solides pour résister à n'importe quel prédateur.

La tortue miroir a été étudié par plusieurs scientifiques, essentiellement asiatiques. L'espèce est en effet présente dans les forêt tempérés d'Asie, principalement en Chine. Cependant, sa répartition a fait l'objet d'une étonnante modification.
En 1937, une petite population de cette espèce fut importée en France afin qu'un groupe de scientifique puisse les étudier. Les animaux fut placé dans un parc d'environ 10 hectares dans le Cantal, région correspondant bien aux habitudes de cette espèce. Mais la fin de la décennie apporta la guerre, aussi les scientifiques durent-ils renoncer à leurs recherchent. Les tortues, abandonnées, finirent par retourner à l'état sauvage et nul ne sait désormais s'il reste une population de tortue miroir dans le Cantal. Aucune recherche ne fut entreprise après-guerre pour retrouver ces spécimens et la discrétion de l'espèce la fait passer inaperçue aux yeux du plus grand nombre. Des individus furent aperçus périodiquement mais de plus en plus rarement, sans que l'on sache si cela était dû à la disparition de l'espèce ou à une baisse de l'observation dans cette région fort vaste et peu peuplée. La dernière preuve de la présence d'une tortue miroir dans le Cantal remonte à 2001, lorsque Pierre-André Grillard trouva une carapace appartenant a l'espèce en question en se promenant dans un bois peu fréquenté. Selon les estimations du muséum, la tortue ne serait morte que quelque années auparavant, prouvant que les tortues miroir n'avaient pas encore toutes disparues dans les années 90. Mais qu'en est il au jour d'aujourd'hui ? Nul ne le sait.

Peut être la tortue miroir cantalouse vit-elle toujours.

jeudi 10 septembre 2009

Enfin vous saurez ...

Je suis content. Tout d'abord, j'ai eu pas mal de réponses à ma question. Mais surtout, personne n'a trouvé la solution. J'avoue que certain essais m'ont surpris. La réponse de corneille noire notamment était très recherchée : un zèbre que j'aurais roulé dans le gasoil. On l'applaudit. Mad est plus poétique avec ses couleurs de rêves d'étés.
Toujours est-il que vous attendez la réponse. Eh bien la voila :


C'est vrai que cette photo n'est pas très compréhensible à ce format. Je vais donc vous la décrire.
Le sol est constitué d'une multitude de galets colorés. Sur ce linceul minéral repose une couleuvre vipérine (Natrix maura), occise par les soins d'une famille éminemment sympathique.

Même commentaire que pour la photo précédente, mais le reptile se trouve maintenant sur le dos.

Peut être certains d'entre vous n'aurons-ils pas compris le lien entre le joyau de la semaine dernière et un reptile mort. A ceux-là je conseil de zoomer sur la photo N°2, ils comprendrons.
Pour une raison que j'ignore, les écailles ventrales de cet individu étaient irisées, ce qui était du plus bel effet.

Pour finir, j'offris une digne sépulture à la pauvre bête. Elle repose maintenant sous un énorme rocher ou elle paraissait vivante quand je l'y ai mise.

samedi 24 janvier 2009

Cistude

Aujourd'hui, nous allons vous parler d'un reptile, ce qui n'était pas arrivé depuis l'article Lézard vert. Cette fois ci, il ne s'agit pas d'un lézard, mais d'une tortue, la cistude d'Europe (Emys orbicularis).

La cistude est largement présente dans une bonne partie de l'Europe, ce qui en fait, d'après Le guide herpéto des éditions delachaux et niestlé, la tortue la plus septentrionale au monde. En France, l'un des meilleurs endroits où l'on peut l'observer est le parc naturel régional de la Brenne, dans l'Indre (Centre).
La cistude est une tortue d'eau douce. On la reconnaît à sa peau noire mouchetée de jaune vif, à sa carapace plate et à ses pattes palmées qui lui servent à se mouvoir dans l'élément liquide. Elle vit dans les étangs, qui fournissent de la nourriture en abondance à cette petite carnassière : jeunes poissons, mollusques, petits crustacés, charognes en tout genre, etc. Pour attraper ses proies, la cistude chasse à l'affût, dissimulée parmi les plantes aquatiques, et utilise son bec tranchant pour les mettre en pièces.

Deux tortues sur un rocher. On aperçois bien leur peau noir moucheté de jaune.

Le meilleur moyen de l'observer est lorsqu'elle sort de l'eau pour prendre un bain de soleil, sur une branche émergée, par exemple. A la manière d'un crocodile, elle agit ainsi pour réchauffer son organisme sortant de l'eau froide.

Pour se protéger du froid, la cistude hiberne enfouie dans la vase à partir d'octobre. Elle se réveille en mars et pond un peu plus tard une vingtaine d'œufs non loin de l'étang. A leur naissances, les petites cistudes sont victimes des rapaces, des hérons et de divers carnivores.

Adultes, elles sont concurrencées sur le plan alimentaire par les tortues de Floride (Trachemys scripta elegans) importées du Mississipi. Ces tortues d'eau douce américaines sont plus résistantes et agressives que les cistudes qu'elles ont donc tendance à supplanter. Les naturalistes ne savent pas quoi faire pour stopper l'invasion des tortues de Floride : alors que dans certaines régions on les tire à la carabine, dans d'autres on essaye de créer des centres de refuge pour les y parquer. Le problème est loin d'être résolu...

Petit bain de soleil.

La cistude que l'on voit en Brenne a une cousine : l'émyde lépreuse (Mauremys leprosa), autre tortue d'eau douce, endémique de la péninsule ibérique, qui diffère de la précédente par sa couleur terne et unie.

Pour en savoir plus, il vous suffit de consulter le site : www.parc-naturel-brenne.fr/

A bientôt.


NB : Les deux photos signées ont été prisent dans un centre de soin pour tortues blessées (plus d'informations ici). Le photographe n'a donc aucun mérite de les avoir prise (les photos), les tortues n'étant pas craintives. Huez le très fort.

mardi 5 août 2008

Lézard vert

Le lézard vert (Lacerta bilineata) est un reptile assez connu, surement car il est assez courant et qu'il impressionne par sa taille (qui peut atteidre plus de 30 cm avec la queue). De plus il est plus coloré que bon nombre de lézards : son corps est d'un vert presque brillant et la gorge des mâles s'orne d'une tache bleue magnifique. Comme tout les reptiles c'est un animal à sang froid, il a donc besoin de chaleur pour être actif. C'est pourquoi on le trouve plus facilement sur des tas de caillou, des zones de sables et d'autres étendu qui permettent un échauffement rapide. Le matin il se place sur un de ces support et se laisse chauffer un certain temps. Il est alors très ralentis, ce qui permet de l'aprocher de beaucoup plus près qu'en journée. La preuve : la photo qui suit à été prise sans zoom.

Cet individu est un mâle qui loge dans un terrier qu'il a creusé dans une zone sèche et sableuse de mon jardin.

Du fait de sa grande taille, ce lézard peut se nourrir de nombreux animaux : insectes, limaces, escargots et même, rarement, oisillons. Il chasse dans les herbes et peut grimper dans les buissons pour atteindre ses proies. Il peut lui même être victime de rapaces, mais surtout des voitures ou des pesticides. Son régime insectivore et limacivore (je ne suis pas sur que cela se dise) le rend très sensible à tous ces produits chimiques, car ses proies en contiennent elle même ne certaine quantité. Il accumule ainsi les produits toxiques dans son corps et peut finir par en mourir. Beaucoup d'animaux sont dans ce cas. Entretenir un jardin bio est une bonne méthode pour accueillir ce reptile.

Lézard sortant de son trou un matin.

Ce lézard peut se voir dans la campagne, mais il est assez discret. Il est donc utile de le rechercher activement. Bien souvent on n'a droit qu'a un froissement de feuille morte ou à un mouvement dans les herbes, mais en le cherchant vraiment on fini souvent par le trouver.

A bientôt.