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lundi 30 avril 2012

Gorges de l'Allier - Prades

Ces dernières vacances de février, j'ai effectué un voyage en Haute-Loire, dans les gorges de l'Allier. Une région magnifique, où résonnèrent jadis les grondements des volcans et de la bête du Gévaudan... C'est pourquoi les prochaines semaines seront consacrées à quelques unes des randonnées que j'ai pu y expérimenter.


L'Allier à Prades. A l'arrière-plan : la Roche Servière.

La première longe l'Allier sur sa rive droite, en partant de Prades.


La Roche Servière. Nottez les orgues volcaniques, à droite.

Ce petit hameau est dominé par la Roche Servière ; cette coulée de lave de 90 mètres de haut arbore de superbes orgues de basalte hexagonales dues à un refroidissement lent de la roche. La partie supérieure de la formation, moins régulière probablement à cause d'un refroidissement plus lent, abrite une colonie de virvoltantes hirondelles de rochers.


Cependant, on y trouve également quelques habitants plus discrets, comme le Crache-sang (Timarca tenebricosa). Alors que cette chrysomèle géante a les élytres soudés, cet autre coléoptère aurait bien du mal à seulement les joindre :


Voici l'Enfle-boeuf (Meloe sp.), reconnaissable entre tous à sa bedaine hors normes. Complètement obèse, le pauvre animal traîne derrière lui son abominable abdomen comme une monstrueuse remorque. L'allure qu'elle lui confère est si grotesque qu'on croirait que son corps est en fait constitué des restes de deux insectes de tailles différentes, cousus entre eux par quelque Frankenstein entomologique.


Avec un tel handicap, l'Enfle-boeuf n'est guère difficile à capturer, le plus délicat de l'opération consistant à prendre soin de ne pas faire éclater son abdomen distendu comme un raisin trop mûr. Ce n'est qu'une fois entre nos doigts qu'il dévoile son arme secrète : un liquide jaunâtre et nauséabond, qui semble être expulsé par les yeux et les articulations.
Darwin lui-même n'aurait pas parié un penny sur la survie d'une bestiole pareille.


Quelques dizaines de mètres en amont, le règne végétal nous ramène à des êtres mieux proportionnés avec la belle Lunaire annuelle, ou Monnaie-du-pape (Lunaria annua), qui s'est déjà faite remarquée ici en compagnie d'autres plantes vernales.
Sur ce, je vous laisse vous rincer les yeux sur cette beauté et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles images des gorges de l'Allier.

mardi 22 mars 2011

Calcaire de Beauce

C'est la récente découverte d'une bien jolie pierre qui m'amène à poster cet article ; j'en profite pour vous expliquer (très simplement) d'où vient le calcaire qui entre dans la construction de la plupart des routes et des chemins du Loiret.

De nos jours, la Beauce est un pays agricole, où l'on cultive le blé et la betterave à grand renfort d'engrais et de pesticides chimiques. En conséquence, le paysage est celui d'un champ sans fin parsemé de quelques éoliennes et raffineries de sucre. Mais il y a vingt-trois millions d'années, il en allait bien autrement.
Pour s'en assurer, il suffit d'observer la roche sur laquelle repose toutes ces exploitations : un magnifique calcaire, très blanc et très fin, serti de fossiles de gastéropodes.


Coquille d'escargot d'eau douce.        Empreinte de coquille d'escargot.

Il s'agit d'un calcaire lacustre : les fossiles qu'il renferme sont des escargots d'eau douce, proches des planorbes (ci-dessus) ou des limnées (ci-dessous) contemporains.

    

Limnées fossilisées.                    Limnée vivante.

Ces fossiles, datés de la fin de l'Oligocène/début du Miocène (Aquitanien), montrent qu'il y a vingt-trois millions d'années la région était recouverte d'un vaste lac peu profond, où se déposèrent au fil du temps les nombreuses coquilles de mollusques aquatiques qui y vivaient.
C'est ainsi que se forma la première couche du calcaire de Beauce : le calcaire d'Etampes. Mais il y a 23 millions d'années, le lac s'assécha une première fois et une couche de molasse du Gâtinais (calcaire, sable et argile apportés par un fleuve) s'y déposa tranquilement, avant la mise en place d'un second lac, toujours autour de 23 millions d'années, qui déposa par-dessus une nouvelle couche de calcaire : le calcaire de Pithivier.
On y a également retrouvé des restes de tortues et de crocodiles, ce qui montre que la France était alors baignée par la douceur d'un climat tropical.


Reconstitution du paysage (vue d'artiste) : au fond, des cervidés primitifs sans bois et, au deuxième plan, la castor Steneofiber. Notez que leur présence sur le dessin est un choix personnel et hypothétique (on n'en a pas retrouvé dans le calcaire de Beauce), sans être incongrue : on en a néanmoins retrouvé ailleurs en Europe, à la même époque.

De nos jours, le calcaire est exploité comme granulat pour les routes ou le béton, et auparavant pour construire les maisons beauceronnes. Le seul "lac" qui subsiste est souterrain : la nappe de Beauce, qui irrigue les champs et abreuve la population.