mardi 22 mars 2011

Calcaire de Beauce

C'est la récente découverte d'une bien jolie pierre qui m'amène à poster cet article ; j'en profite pour vous expliquer (très simplement) d'où vient le calcaire qui entre dans la construction de la plupart des routes et des chemins du Loiret.

De nos jours, la Beauce est un pays agricole, où l'on cultive le blé et la betterave à grand renfort d'engrais et de pesticides chimiques. En conséquence, le paysage est celui d'un champ sans fin parsemé de quelques éoliennes et raffineries de sucre. Mais il y a vingt-trois millions d'années, il en allait bien autrement.
Pour s'en assurer, il suffit d'observer la roche sur laquelle repose toutes ces exploitations : un magnifique calcaire, très blanc et très fin, serti de fossiles de gastéropodes.


Coquille d'escargot d'eau douce.        Empreinte de coquille d'escargot.

Il s'agit d'un calcaire lacustre : les fossiles qu'il renferme sont des escargots d'eau douce, proches des planorbes (ci-dessus) ou des limnées (ci-dessous) contemporains.

    

Limnées fossilisées.                    Limnée vivante.

Ces fossiles, datés de la fin de l'Oligocène/début du Miocène (Aquitanien), montrent qu'il y a vingt-trois millions d'années la région était recouverte d'un vaste lac peu profond, où se déposèrent au fil du temps les nombreuses coquilles de mollusques aquatiques qui y vivaient.
C'est ainsi que se forma la première couche du calcaire de Beauce : le calcaire d'Etampes. Mais il y a 23 millions d'années, le lac s'assécha une première fois et une couche de molasse du Gâtinais (calcaire, sable et argile apportés par un fleuve) s'y déposa tranquilement, avant la mise en place d'un second lac, toujours autour de 23 millions d'années, qui déposa par-dessus une nouvelle couche de calcaire : le calcaire de Pithivier.
On y a également retrouvé des restes de tortues et de crocodiles, ce qui montre que la France était alors baignée par la douceur d'un climat tropical.


Reconstitution du paysage (vue d'artiste) : au fond, des cervidés primitifs sans bois et, au deuxième plan, la castor Steneofiber. Notez que leur présence sur le dessin est un choix personnel et hypothétique (on n'en a pas retrouvé dans le calcaire de Beauce), sans être incongrue : on en a néanmoins retrouvé ailleurs en Europe, à la même époque.

De nos jours, le calcaire est exploité comme granulat pour les routes ou le béton, et auparavant pour construire les maisons beauceronnes. Le seul "lac" qui subsiste est souterrain : la nappe de Beauce, qui irrigue les champs et abreuve la population.

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