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lundi 4 juin 2012

Printemps bruyant

Quand s'en reviennent les beaux jours
A travers bois, à travers champs
S'ouvrent les calices éclatants
De cent floraisons de velours.

Toujours plus vives, toujours plus belles,
Les unes jaunes, les autres rouges
Et dans les prés plus rien ne bouge
Que les couleurs d'un arc-en-ciel.


Mais comme dans toute exposition
Il se trouve des ignorées,
Quand bien même sont-elles exposées
Personne n'y prête attention.

Parmi tout ça il en est une
Présente chez chacun et chacune
Famille : Caryophyllaceae
Voici son nom : Silène enflée

On la trouve au bord des chemins,
Elle affectionne les talus,
Que ce soit hier ou demain
C'est une plante qui court les rues.

A quoi peut elle ressembler ?
Quelques pétales un peu tordus
Une bedaine distendue
Et la voila identifiée.


Souvent en bande, rarement seule,
C'est une plante qui apprécie
De ses confrère la compagnie
Pour former comme un grand linceul.

De temps en temps des papillons
Qui s'en pourlèchent les babines
Viennent visiter ses étamines :
Trois petits tours et puis s'en vont.


Bien plus connue qu'on ne le croit
Cette plante est utilisée
Le plus souvent pour s'amuser
La question est : Comment cela ?

Détachez l'une de ces fleur
Sans l'amputer de sa bedaine
Il faut que, d'air, elle soit pleine
Pour pouvoir faire notre bonheur.

Pincez l'entrée, faites le bien
Afin que l'air soit prisonnier,
Frappez le dos de votre main
Ce qui la fera éclater.

Parfois "pétard", parfois "claquet"
C'est plus souvent cette expérience
Que les artifices de la science
Qui lui valent ses sobriquets.

Maintenant sortez, cherchez-la,
Afin, vous aussi, d'essayer
Pour que, comme elle cette fois,
Vous puissiez bien vous éclater !

lundi 30 avril 2012

Gorges de l'Allier - Prades

Ces dernières vacances de février, j'ai effectué un voyage en Haute-Loire, dans les gorges de l'Allier. Une région magnifique, où résonnèrent jadis les grondements des volcans et de la bête du Gévaudan... C'est pourquoi les prochaines semaines seront consacrées à quelques unes des randonnées que j'ai pu y expérimenter.


L'Allier à Prades. A l'arrière-plan : la Roche Servière.

La première longe l'Allier sur sa rive droite, en partant de Prades.


La Roche Servière. Nottez les orgues volcaniques, à droite.

Ce petit hameau est dominé par la Roche Servière ; cette coulée de lave de 90 mètres de haut arbore de superbes orgues de basalte hexagonales dues à un refroidissement lent de la roche. La partie supérieure de la formation, moins régulière probablement à cause d'un refroidissement plus lent, abrite une colonie de virvoltantes hirondelles de rochers.


Cependant, on y trouve également quelques habitants plus discrets, comme le Crache-sang (Timarca tenebricosa). Alors que cette chrysomèle géante a les élytres soudés, cet autre coléoptère aurait bien du mal à seulement les joindre :


Voici l'Enfle-boeuf (Meloe sp.), reconnaissable entre tous à sa bedaine hors normes. Complètement obèse, le pauvre animal traîne derrière lui son abominable abdomen comme une monstrueuse remorque. L'allure qu'elle lui confère est si grotesque qu'on croirait que son corps est en fait constitué des restes de deux insectes de tailles différentes, cousus entre eux par quelque Frankenstein entomologique.


Avec un tel handicap, l'Enfle-boeuf n'est guère difficile à capturer, le plus délicat de l'opération consistant à prendre soin de ne pas faire éclater son abdomen distendu comme un raisin trop mûr. Ce n'est qu'une fois entre nos doigts qu'il dévoile son arme secrète : un liquide jaunâtre et nauséabond, qui semble être expulsé par les yeux et les articulations.
Darwin lui-même n'aurait pas parié un penny sur la survie d'une bestiole pareille.


Quelques dizaines de mètres en amont, le règne végétal nous ramène à des êtres mieux proportionnés avec la belle Lunaire annuelle, ou Monnaie-du-pape (Lunaria annua), qui s'est déjà faite remarquée ici en compagnie d'autres plantes vernales.
Sur ce, je vous laisse vous rincer les yeux sur cette beauté et vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles images des gorges de l'Allier.

samedi 12 novembre 2011

Les Chroniques de l'estran, Episode 3 : Laisses de mer (2/2)

On pourrait penser qu'admirer les laisses de mer, c'est aussi agréable que de ramasser des champignons. Pourtant, sur l'estran, pas question d'errer dans la pénombre d'un sous-bois humide et corrompu. Sur l'estran, c'est le nez dans les embruns et les cheveux au vent qu'on fouille le sable et les algues aux arômes iodés, préalablement déchaussé pour apprécier le contact de la vase voluptueuse - au risque de s'ouvrir le pied sur une coquille d'huître inopportune. Les sandales à la main et l'appareil photo autour du cou, poursuivons ainsi notre exploration des laisses de mer.


A gauche : oeufs de raie (Raja undulata ?)
A droite : oeuf de petite roussette

On peut tomber sur plusieurs sortes de capsules rectangulaires. Ce sont des oeufs de poissons cartilagineux.
Certaines sont noires, larges, cornues et mesurent de 5 à 15 cm : elles peuvent appartenir à huit espèces de raies et font l'objet d'un suivi par l'Association Pour l'Etude et la Conservation des Sélaciens (APECS) : le programme CapOeRa. Une plaquette d'identification est téléchargeable ici, sur le site de l'APECS.
Attention à ne pas les confondre avec cette autre capsule : plus petite (6 cm), allongée et de couleur jaunâtre, c'est l'oeuf de la Petite Roussette (Scyliorhinus canicula).


Petite Roussette

Ce petit requin de 80 cm vit sur les fonds sableux où sa robe beige tachetée de noir lui permet de se dissimuler pour mieux surprendre ses proies (mollusques et crustacés). On l'appelle aussi "chat de mer", sans doute à cause de ses grands yeux ovales et noirs.
On peut également trouver des oeufs de Grande Roussette (Scyliorhinus stellaris), une espèce proche mais deux fois plus grande (1,5 mètre) et dont les capsules, bien que très ressemblantes, atteignent 10 cm de long.


Laminaire à bulbe

Certaines algues brunes, vivant généralement au delà de l'estran, se démarquent des autres une fois échouées par leurs formes inhabituelles et leur taille impressionnante. Ces Laminaires sont constituées de trois parties : un crampon qui les maintient fixées aux rocher, le stipe, une "tige" dure comme du cuir, et enfin la fronde.
La plus grande est la Laminaire à bulbe (Saccorhiza polyschides) : son crampon est surmonté d'un "bulbe" imposant, granuleux et informe, son stipe est aplati et orné d'ondulations appelées falbalas et sa fronde découpée en forme de lanières. Le tout peut atteindre plusieurs mètres de long.


Baudrier de Neptune

Voilà une autre laminaire : la Laminaire sucrée (Saccharina latissima) ou Baudrier de Neptune. Plus gracile que la précédente, elle se reconnaît à sa fronde en forme de ceinture ondulée et texturée en forme de queue de crocodile. Le stipe est rond et les crampons n'ont pas de bulbe.


L'épave mystérieuse...

Mais l'océan a encore mieux à offrir que des oeufs de requin et des algues difformes : au pied de la falaise, les vagues ont déposé une bien curieuse épave, rapidement abordée par une bande de goélands marins affamés. Qu'est-ce ?

Réponse dans le prochain épisode !

mardi 16 août 2011

Troublante tourbière : petite carte postale pour patienter

Pauvre Lucas ! Le téméraire explorateur est resté collé au piège gluant de la droséra alors qu'il finissait son dernier article. Il va donc nous falloir attendre encore quelques jours avant de poursuivre son journal de bord... Pour vous faire patienter, je vous transmet la jolie carte postale qu'il m'a envoyé depuis sa tourbière. La voici :


En espérant qu'il nous revienne vivant de cette effroyable aventure...

mercredi 10 août 2011

Troublante tourbière, Ces plantes qui cachent bien leur jeu

A milieu extraordinaire, espèces extraordinaires. Selon cette logique, la tourbière doit bien contenir un certain nombre de plantes et de bestioles étranges. Je connaissais certaines d'entre elles avant mon entrée dans le milieu, aussi me suis-je logiquement mis à leur recherche. Non sans une certaine prudence, ce qui n'est pas un luxe dans ma situation. 
Et aujourd'hui j'ai enfin trouvé une de ces espèces incroyables qu'il me tenait à cœur de découvrir. Malgré sa petite taille, elle m’impressionnait déjà lorsque j'avais ma taille normale. Mais aujourd'hui, du haut de mes 10 centimètre, j'ai l'impression d'avoir changé d'univers en la découvrant. Voyez vous-mêmes.


 La Droséra (ou Rossolis) à feuilles rondes (Drosera rotundifolia) dans toute sa bizarrerie. Au titre des plantes à l'apparence étrange, celle-ci bat des records. Ses petites feuilles en rosettes adoptent une forme de cuiller hérissée de poils, chacun orné à son extrémité d'une goutte scintillante.

Cette apparence d'extraterrestre a-t-elle pour seule but de gagner le prix de "La plante la plus snob du monde" ? Eh bien non, point du tout que nenni. Cette ressemblance avec un lampadaire de bureau du futur n'est point fortuite, pour le prouver approchons nous un peu.


 Joli n'est-ce-pas ? Mais là n'est pas la question, cette particularité a un but on ne peu plus terre à terre, dont voici l'explication.

La tourbière étant un milieu particulièrement pauvre en éléments nutritif (on parle aussi de milieu oligotrophe du grec oligo : «peu» et trophein : « nourrir »), la droséra a opté pour un mode d'alimentation bien particulier et assez rare dans le règne végétal : la prédation. Cette plante cache en effet sous son aspect kitsch et débonnaire une âme de tueur. Bien sûr vous ne la verrez pas bondir à la gorge des campagnols ou traquer le chevreuil à la nuit tombante. Madame est une patiente, une rusée. Elle brandis aussi haut qu'elle peut ses feuilles et surtout les gouttelettes qui y brillent. Pour nous autres, humains, elles ne présentent rien de particulièrement attirant, mais pour un œil d'insecte elles ressemblent tout à fait soit à une goute de rosée (intéressant) soit même à du nectar (précieux !). Poussés par leur appétit, les insectes se posent donc innocemment sur une de ces spatules. Et là, c'est le drame. Ces sphères brillantes s'avèrent être des gouttes de glue qui retiennent prisonnier l'invertébré paniqué avec l'efficacité d'une colle extra forte. Et si vous doutez d'une telle histoire, je vous laisse juger par vous même la photo suivante.


 Eh oui, même une fière et grande libellule (ici un Orthétrum bleuissant, Orthetrum coerulescens) n'est pas à l’abri des tentacules vorace de la belle piégeuse. Cela vous donne une idée des risques que j'ai dû prendre pour vous faire parvenir ces clichés.

Une fois la bestiole solidement engluée, la feuille se referme tout doucement dessus (si la taille de la proie le permet) jusqu'à l'avoir complétement entourée d'un linceul vert, rouge et gluant. Quelques jours plus tard la feuille se réouvrira et plus rien ne subsistera de l'insecte, si ce n'est sa carapace chitineuse, trop coriace pour être digérée. Ainsi la Droséra dispose-t-elle de précieux éléments nutritifs (notamment des matières azotées, rares et primordiales) qu'elle aurait eu grand mal à se procurer de manière plus classique.
C'était là l'histoire de la Droséra.

A bientôt pour la suite de mon journal de bord.

vendredi 5 août 2011

Troublante toubière, Cet univers fait de mousse

En arrivant dans la tourbière sous ma nouvelle forme, je me devais de rechercher en premier lieu ce qui fait de ce milieu ce qu'il est : la Sphaigne (Sphagnum sp.). Drôle de nom, n'est ce pas ? Mais que cache-t-il ? En une image comme en cent :

 Je pense que c'est clair pour tout le monde : les sphaignes sont des mousses. Eh oui, ce sont des mousses, organismes dérisoires s'il en est, qui forme ces merveilleux édifices naturels que sont les tourbières. Gorgées d'eau (qui peut représenter plus de 90% de leur poids), elles poussent sans arrêt vers le haut tandis que leurs bases meurent et s'accumulent, formant la tourbe.

Première constatation : mes bottes ne m'auraient été d'aucune utilité. Ma combinaison étanche s'avère indispensable, chaque pouce de terrain est imbibé comme une éponge et il m'arrive fréquemment de choir dans un trou sournoisement dissimulé sous la végétation. Heureusement l'enthousiasme compense le manque d'expérience et je parvins, à force d'effort, de coup de machette et de jurons obsolètes à progresser assez pour atteindre le cœur de la tourbière. C'est là que j'avais prévu d'installer mon campement, ce que je fis sans tarder à l'intérieur d'une grosse touffe de Molinie bleue (Molinia caerulea), plante de la famille des poacés, c'est à dire de l'herbe.
Et c'est là que je me rendis compte du drame : j'avais oublié de prendre de la nourriture. Pas un fruit, pas un légume, pas une patate ou une barre Twix pour combler le creux de mon estomac, qui commençait à prendre des dimensions de basse-fosse. Pas le choix, je devais me mettre en quête d'une quelconque source de nourriture dans les environs, ce que je fis sans tarder.

Mes explorations duraient depuis déjà deux bonnes heures, le ciel commençait à s'assombrir et je n'avais toujours pas mis la main sur quoi que ce soit de comestible. Heureusement, une lueur d'espoir se présenta à mes yeux sous la forme de ceci : 


Pour beaucoup d'entre vous, cette photo paraîtra très jolie certes (mais si, mais si ...), mais en aucun cas une solution à un grave cas d'inanition. Heureusement, mes connaissances botaniques rudimentaires me permirent en un clin d’œil de comprendre que mon salut devait se trouver au cœur de ce buisson vert et rouge. Et effectivement, quelques minutes plus tard je trouvais ce qui constituera désormais une bonne partie de mon alimentation :


Vaccinium oxycoccos, un nom ridicule par lequel les scientifiques désignent la Canneberge. Cette plante est caractéristique des buttons tourbeux (des bosses de sphaignes, en clair) et elle donne ces fruits rougeâtres tout ce qu'il y a de plus comestible. J'avais trouvé là mon moyen de subsistance pour mon séjour. Après avoir fait ripaille de ces baies, j'en emportais un plein sac (c'est à dire 6 fruits, vu ma taille), l'estomac plein à craquer et l'esprit en paix (ce qui prouve d'ailleurs que l'esprit est directement relié au contenu stomacal, étonnant non ?). Maintenant la nuit est venue et je me rend compte que les étoiles sont les mêmes, qu'on fasse 1 mètre 80 ou 10 centimètres. Je me prépare à ma première nuit dans la tourbière. 

dimanche 19 juin 2011

Orchis bouc

Il arrive que l'on fasse des rencontres auxquelles on ne s'attend pas. Comme cette monstrueuse fleur cornue, au détour d'un sentier, un jour de mai particulièrement lumineux.



Orchis bouc (Beaugency, Loiret)

Du haut de ses quarante bons centimètres, l'orchidée domine les chardons qui l'entourent. Elle exhale une méphitique odeur de musc... une odeur de bouc ! d'où son nom : l'Orchis bouc (Himantoglossum hircinum).


Des fleurs en forme de tire-bouchons...

Ses couleurs sont plus discrètes, mais tout aussi malsaines, que son odeur : vert hématome, blanc fièvre et pourpre infection évoquent à eux seuls les pires maladies... On peine d'ailleurs à la qualifier de "vivace" comme les autres orchidées.


Détail de la fleur

Elle n'a pourtant rien de maléfique, cette plante !
Avec ses sépales rabattus en forme de casque d'Hadès et son labelle - pétale du bas - d'abord trifide comme le trident de Poséidon, puis torsadé comme la corne d'une licorne, et enfin fourchu comme la langue d'un dragon, ce végétal mythologique n'est pas dur à identifier.
C'est d'ailleurs au grec qu'elle doit son nom (certes latinisé pour les besoins de la nomenclature) : Himantoglossum vient en effet de glotta, la langue, et himas, la lanière, et signifie donc "langue en lanière", en référence, vous l'aurez compris, à son curieux labelle.
Paresseuse, cette horrible merveille ne fleurit que de mai à juillet. Hâtez-vous de l'admirer !

vendredi 20 mai 2011

Les Plantes vernales, épisode 5 : Lathrée clandestine

Il en est des plantes comme des animaux : certains sont exubérants quand d'autres préfèrent passer inaperçus. Dans les deux cas, ils ont de bonnes raisons, parmi lesquelles se trouvent en bonne place "avoir une descendance nombreuse" et "ne pas finir en biscuit apéritif pour quelque chose de plus gros que moi". 

Et bien aujourd'hui, c'est une championne de la discrétion que je vais vous présenter. Une plante étrange dont les particularités aberrantes feraient pâlir de jalousie un écrivain d'heroïc-fantasy porté sur les champignons hallucinogènes. Une plante que Dieu a du créer un jour où il s'était levé du pied gauche. Une plante dont la couleur et la forme évoquent respectivement un tee-shirt gothique et une lanterne du XVème siècle qui se serait trouvé sur le passage d'un troupeau furieux d'hippopotames nains. Une plante que même un... Non, je préfère m’arrêter là. Sinon vous risquez de ne pas vouloir lire la suite. Suite à laquelle nous allons passer maintenant.

Plus prosaïquement, cette plante appartient à la famille des Scrofulariacées, comme la Véronique petit-chêne (nom charmant) et la Ruine de Rome (nom un peu moins charmant). Quand à notre héroïne, elle a hérité d'un nom qui en dit long sur ses habitudes : la Lathrée clandestine (Lathraea clandestina). Car clandestine elle l'est, et d'une drôle de façon. Certaines plantes son discrètes par leur tailles, d'autres par leurs couleurs ou encore leusr formes. La Lathrée, elle, a décidé d'aller plus loin. Alors elle s'est débarrassée de sa tige, de ses folioles puis de ses feuilles, ne gardant plus que son rhizome couvert d'écailles blanchâtres malgracieuses et, le temps d'une saison, ses fleurs étranges et inquiétantes. Fleurs que voici :


Une sacré drôle de bête, n'est-ce-pas ? 

Cela, c'est tout ce que vous verrez de notre héroïne, à moins d'être une taupe (Talpa europaea) ou d'être armé d'une bêche lors de vos ballades forestière, hypothèses toutes deux des plus improbables. Car l'écologie de cette plante est des plus particulières. Totalement dépourvue de chlorophylle, elle ne produit pas la moindre portion de sa nourriture, comme le fait la plupart des autres plantes. Mais alors comment fait-elle ? Facile, il suffit de se brancher sur le réseau, pour ainsi dire. Ses racines, tentaculaire ensemble tenant plus du poulpe que du raton-laveur, se greffent sur celles des arbres environnants et pompe une partie de leur sève. C'est pour cette raison que la Lathrée ne se trouve qu'à proximité d'arbres, chez lesquelles elle prélève une partie de leur sève, tel un percepteur des impôts violet-vif.



Une des fleur en gros plan. Celle-ci a une petite fantaisie dans le pistil, comme un monstre qui aurait un torticolis à la langue.

Mais un fois l'an, sa vie souterraine lui pèse. Pas facile de faire des rencontres quand on est immobile et qu'on réside plusieurs centimètre sous les feuilles mortes (essayez, vous verrez). Alors plutôt que de passer une petite annonce dans le journal du coin, elle se décide à sortir un peu de son anonymat souterrain. Elle fait alors pousser tout un groupe de ces fleurs étonnantes que vous connaissez maintenant. Cependant, sa timidité maladive ne tardera pas à la reprendre : sitôt ses fleurs fécondées, elle se dépêchera de faire disparaître toute trace de son existence à la surface du sol.
C'est une discrète, vous dis-je.
Mais une discrète habillée en fuchsia.
Alors cherchez-là, et vous la trouverez peut-être.

jeudi 5 mai 2011

Les Plantes vernales, épisode 4 : Lunaire annuelle

Une fois n'est pas coutume, nous expliquerons le pourquoi du nom de cette plante en fin d'article. Juste histoire de ménager un petit suspense.
Commençons donc par autre chose. Son aspect par exemple. Après tout, il est plutôt pratique, lorsque l'on parle d'une plante, de savoir à quoi elle ressemble. Et bien en l’occurrence elle ressemble à celci :

Cette fleur a au moins l'avantage de ne pas passer inaperçue. 

Je vais vous demander un peu d'attention. Pourriez-vous compter les pétales de ces fleurs ? 
...
Alors ? 
Si vous avez compté 4, vous êtes mûr pour un doctorat en mathématiques. Cette simple observation, superflue au premier abord, nous indique en fait une chose importante à propos de cette plante : elle appartient à la famille des brassicacées (anciennement appelées crucifères en raison de leur fleurs plus ou moins en forme de croix du fait de ce nombre particulier de pétale). Cette famille comprend les Cardamines, l'Alliaire, le Cresson mais aussi les Radis, les Choux et le Colza. Une famille importante, donc, que ce soit par le nombre des espèces ou les utilisations de celles-ci.


La Lunaire, en période de floraison est une plante de 40-50 centimètres de haut affectionnant divers habitats, que ce soient des prairies ensoleillées, des sous-bois plus ou moins humide ou le bord d'une route de campagne. Elle est également assez utilisée à des fins ornementales, et ce pour deux raisons. La première, c'est qu'elle est très jolie vivante. La deuxième, c'est qu'elle est très jolie morte. La preuve en image.


Diantre, fichtre, par la malepeste et autres jurons obsolètes ! Mais oui, c'est bien elle : la Lunaire annuelle (Lunaria annua) est en fait la plante que l'on nomme plus souvent "monnaie du pape" ou "herbe aux écus". Ces deux noms, elle ne les mérite qu'après son trépas. Les excroissances (appelées siliques)  au bout des tiges contiennent les graines de la plantes. Une fois sèches, les membranes latérales tomberont et laisseront s'échapper la semence, ne laissant sur la plante que ces disques délicats ayant donné ses noms à la plante.
Ça doit être frustrant d'être nommé d'après sa dépouille.
Vous imaginez ?
Auguste Cubitus, Emma Clavicule, Jules Rotule, Alexandra de la Métacarpe, ...

Après ces réflexions absurdes, je vous dis au revoir et à la prochaine fois.

vendredi 22 avril 2011

Les Plantes vernales, épisode 3 : Anémone sylvie

Une fois n'est pas coutume, nous avons aujourd'hui décidé de donner la parole à celle qui sera l'objet ne notre article. C'est donc armé d'un magnétophone et d'un sandwich tomate-tofu-gruyère-cornichon que je me suis rendu dans le petit bois du coin de chez moi pour y rencontrer notre héroïne du jour. Aimable, elle accepta tout de suite mon interview et posa même pour quelques photos. Voila la retranscription de ce dialogue.



Portrait 3/4 face de l'intéressée. Aucune confusion n'est possible grâce à ses fins pétales blancs et à ses feuilles, que nous verrons plus tard.

Lucas : Pour commencer, pourrait-on savoir d'où vient votre nom ?

Anémone : Mon nom, mon nom, c'est bien vite dit. J'imagine que vous voulez parler du nom que vous m'avez donné. C'est bien les humains ça, ça donne des noms et c'est incapable de se souvenir de qu'ils veulent dire. (Elle soupire) Mais enfin, je suis patiente, alors allons-y. Pour commencer, mon nom latin (ou plutôt grec en l'occurrence) est Anemone nemorosa. Anemone vient du mot anemos, signifiant vent. Il parait que ce nom vient du fait que mes fleurs blanches se balancent doucement dans la brise, explication poétique qui me plait bien. Quand à nemorosa, il signifie tout simplement des bois. Et en effet j'adore pousser dans les forêts ou en lisière. Mais n'allez pas croire que je suis difficile, je pousse aussi dans les champs, sur le bords de chemins et dans tout un tas d'endroit parfois farfelus.


Notre héroïne dressée comme un lampadaire éclairant le ciel. En arrière plan, quelques une de ses consœurs.
L : Ce qui m'a marqué plusieurs fois, c'est le fait que vous soyez souvent regroupées en coussins ou en tapis. Vous aimez bien pousser en groupes n'est-ce-pas ?

A : Ma foi oui, et si je ne m'abuse vous faites de même. Après tout, il est plus agréable de pouvoir discuter tranquillement avec ses semblables. Et puis il y a le côté pratique. Pourquoi croyez vous que je fleuris : pour ma reproduction pardi ! Et un insecte qui tombe sur un tapis de nos fleurs blanches étincelantes sera envouté par cette multitude d'éclats blancs. Je vous passe les détails, mais il ne fait aucun doute qu'avec une pareil campagne de pub, nous serons toutes fécondées avant la fin de la saison. (Elle prend un air mystérieux) D'ailleurs, avez vous remarqué que nos fleurs sont toujours orientée vers le soleil ?

L : Ça par exemple, c'est exact ! Y a-t-il une raison à cela, ou est-ce juste pour permettre aux promeneurs de faire de belles photos ?

A : Si cela vous arrange, tant mieux, mais la vraie raison n'est pas là. En fait nos fleurs sont de formidables réflecteurs à rayons UV, rayons lumineux provenant directement du soleil et attirant fortement les insectes. Nos fleurs sont pour eux ce que les enseignes aux néons sont pour vous.

L : Formidable ! Et puisque vous parlez de néons, permettez moi de vous poser une question qui porte à débat : vous livrez vous réellement à la publicité clandestine, comme l'ont affirmé certains ? Attendez une seconde, je crois que j'ai ici la photo qui a suscité ces remarques. (Je fouille ma sacoche et fini par dénicher la sus-dites photo, qui servait de marque page dans mon guide "Toutes Les Fleurs d'Europe").


L : Voila, d'aucuns disent que vos feuilles sont en fait une publicité à la gloire de la marque automobile Mercédès. Il est vrai que la ressemblance avec leur logo est frappante. Qu'en est-il dans la réalité ?

A : (Elle a l'air excédée) Ce n'est pas la première fois que j'entend parler de ces rumeurs, et à chaque fois elles m'énervent un peu plus. Figurez-vous que, une fois de plus, vous prenez l'affaire à l'envers : ce n'est pas moi qui ai copié ces andouilles motorisées mais bien l'inverse. Croyez moi, mes sœurs et moi existons depuis bien plus longtemps que tous vos bolides pétaradants. (Au fur et à mesure qu'elle parle, ses pétales se hérissent et ses feuilles se mettent à trembler, de colère semble-t-il) Pour faire du bruit vous êtes très forts, mais pour imaginer un logo vous êtes obligés de copier une malheureuse fleur, et sans lui demander son avis bien évidement. J'applaudis des deux pétioles !

L : Je suis heureux d'apprendre que les fleurs des bois n'ont pas encore succombé à la société de consommation. Et tiens, en parlant des voitures et de leur vitesse, j'aimerais vous poser une question que je me pose depuis bien longtemps : qu'est ce que cela fait de ne pas bouger de toute sa vie ?

A : (Sincèrement étonnée) Ne pas bouger de toute sa vie ? Doux Jésus, mais cela doit être terriblement ennuyeux ! D'où sortez-vous une idée pareille ?

L : (Perplexe) Vous voulez dire que ce n'est pas votre cas ?

A : Grand dieux non ! Ce n'est pas parce que vous ne me voyez pas courir les bois comme ces délinquant de chevreuils que je ne me déplace pas. Ma racine souterraine (que vos savants nomment rhizome) pousse chaque année un peu plus, ce qui fait que mes fleurs sont chaque année un peu plus loin que l'année précédente. Alors certes, inutile de ma comparer à un faucon, je ne pousse que de 2 ou 3 centimètres par an. Mais mine de rien cela nous fait quand même du ... (Elle calcule avec difficulté, n'en ayant probablement pas l'habitude. Normal pour une plante qui n'est jamais allée à l'école.) ... 0.000000003 km/h ! Ma fois, c'est tout à fait honorable pour une plante de ma taille.
Bon, je ne cherche pas à vous mettre dehors (d'ailleurs vous y êtes déjà), mais il commence à faire un petit peu trop humide, cela ne m'étonnerais pas qu'il se mette à pleuvoir d'ici peu. J'ai horreur de la pluie, elle abîme mon précieux pollen alors si cela ne vous embête pas je vais fermer boutique pour aujourd'hui. A bientôt ! (Elle incline la fleur vers le bas et ses pétales se referment, étanche à la pluie ou à la rosée)

Sur le chemin du retour, je fus effectivement surpris par une averse.

mardi 19 avril 2011

Les Plantes vernales, épisode 2 : Stellaire holostée

Les noms un peu barbarse que portent nombre de plantes et animaux ne sont que rarement destinés à embêter les naturalistes débutants. La plupart d'entre eux ont un sens, bien caché derrière des racines grecques et/ou latines. Et ces noms, une fois analysés, disséqués et traduits, peuvent nous apprendre tout un tas de chose sur celui ou celle qui le porte. Alors, aussi souvent que cela me sera possible, je vous dévoilerais les mystères des noms des fleurs printanières. Commençons, si vous le voulez bien.


Voilà l'héroïne de notre feuilleton du jour : la Stellaire holostée. Aucun problème pour la reconnaître : ses fleurs à pétales doubles (en oreilles de lapin) et ses feuilles longues et pointues interdisent toute confusion.

Stellaire holostée, ou Stellaria holostea pour les savants. Examinons ce noms. Stellaria, pour commencer, signifie "étoile", faisant référence à la forme des fleurs de notre sujet. Mais c'est le deuxième mot qui nous en apprendra le plus sur notre délicate héroïne. Holostea vient en effet du grec Holos-osteon, ce qui signifie "entièrement composée d'os". Étonnant n'est-ce-pas ? En effet, sa tige forme des segments élargis aux deux bout évoquant vaguement des os. Petit détail problématique : les tiges sont à sections carrées. Il faut croire que du temps des Grecs anciens les os n'avaient pas encore la forme pseudo-cylindrique qu'ils arborent aujourd'hui. De plus ces tiges cassent facilement, ce qui a conduit nos ancêtres à croire la Stellaire toute indiquée pour soigner les fracture, selon la théorie des signatures (d'après laquelle chaque plante médicinale porte sur elle un symbole de la misère qu'elle est censée guérir).


 Les stellaires, si elles poussent parfois seules, aiment généralement à se regrouper en troupes plus ou moins serrées. C'est parfois de véritables cousins qui éclatent en une multitude d'éclats blancs purs, offrant un spectacle féérique à qui voudra bien l'observer.

La Stellaire, loin d'être une plante rare ou difficile, apprécie toutes sortes d'endroits pour pousser. On remarque tout de même certaines tendances : la petite blanche apprécie particulièrement les lisières, bordures embroussaillées et autres talus bien éclairés. Vérifiez le fond de votre jardin, surtout le coin à gauche, celui qui n'a pas vu la tondeuse depuis plusieurs années et qui commence à être reconquis par les ronces et les hautes herbes. C'est sûrement là que la gracile immaculée aura ouvert, en toute discrétion, sa corolle éclatante, imitant modestement les astres célestes qui décorent le ciel nocturne.
Une petite étoile de terre, voilà ce qu'elle est.

A bientôt.

dimanche 17 avril 2011

Les Plantes vernales, épisode 1 : Pervenche

Par la malpeste, quel titre barbare ! Il est vrai que les termes employés sont quelques peu spécialisés, aussi voici, en guise d'introduction, l'explication de cet intitulé complexe.
Si l'on regarde bien, l'unique terme à poser problème est "vernales". Eh bien sachez que ce mot, appliqué aux végétaux, désigne les plantes qui fleurissent très tôt. Les premières fleurs du printemps, en somme.
Cela dit, sachez que ces plantes ne fleurissent pas tôt pour faire profiter aux mélancoliques des douceurs printanières. Les fleurs, malgré toutes les bonnes intentions qu'on peut leur prêter, sont beaucoup plus pragmatiques. Si elles fleurissent tôt, c'est pour éviter toute concurrence déloyale de la part des autres végétaux. Elles sont le plus souvent assez petites pour pousser vite, avant la sortie de plantes plus grandes et surtout avant que les feuilles des arbres ne repoussent, leur ravissant la lumière du soleil.
Ces fleurs, souvent très jolies malgré leur simplicité, c'est maintenant qu'il faut les observer. Alors voici toute une série d'articles qui portera sur ces beautés discrètes et éphémères.

Et pour commencer, je vous parlerais de celle qui est probablement la plus connue du grand public.


 Alors, elle ne vous dis rien ? Si bien sur, vous aurez reconnu la Petite Pervenche (Vinca Minor, pour les intimes). Cette fleur, malgré sa taille somme toute modeste, a fait l'objet de tous les honneurs. Pensez donc : on lui a dédié une couleur, ce qui n'est pas rien. Comble de la consécration, on a donné son nom à un personnage du Cluedo ! C'est dire si elle nous a fasciné. 


Il faut avouer aussi qu'elle est superbe, avec ses cinq pétales disposés en moulin à vent. Et pour couronner tout ça, elle adore former des colonies immenses en sous-bois, véritables tapis de vert et de bleu étendant ses teintes chatoyantes jusque dans l'ombre noueuse des vieux arbres, gardiens ancestraux de ce temple aux vivants piliers. Un émerveillement pour nous autres, admirateurs de ces chefs-d'œuvre végétaux.


Adorant les sous-bois, cette délicate se vois obligée de fleurir tôt, avant que les feuilles des arbres ne repousse et fasse de l'ombre à son modeste éclat. Seulement voila, fleurir tôt c'est s'exposer inévitablement au risque de n'être pas pollinisée par les insectes, ces petits frileux détestant sortir avant les beaux jours, les vrais. Qu'a cela ne tienne, la pervenche dispose de plus d'un tour dans sa hampe florale. Si elle ne peut guère se reproduire de façon sexuée, elle le fera autrement. Lançant une contre-offensive d'envergure, elle déploiera nombre de stolon, petites tiges aérienne qui iront faire des racines un peu plus loin pour donner un nouveau plan, clone du précédent. Et c'est ainsi qu'année après année se forment ces tapis de pervenches qui émerveillent chaque printemps une poignée de rêveurs.
Je vous espère être l'un d'entre eux.

A bientôt.

mercredi 23 février 2011

L'appel de la Forêt

~Introduction~

Plom plom plom ... Alors, comment se porte-t-il ce blog ? 
Ma fois, tout est en place, tout fonctionne. J'ai bien l'impression que tout va bien.
Tiens, quelle est la date de la dernière mise à jour ?
...
QUOI !?
Le 28 Janvier !? Mais ça fait presque un mois, ça ! Comment ai-je pu laisser faire ça ?

Bon, tachons au moins de nous rattraper.

~Fin de l'introduction~

Bien le bonjour mesdames et messieurs !

Peut-être cette longue absence vous a-t-elle fait croire que j'avais disparu englouti dans une tourbière, que j'avais décidé d'aller vivre parmi les lamantins ou que des savant fous m'avaient capturés pour tenter la première lobotomie au cure-dent. 
Eh bien non, contre toute attente rien de tout cela n'est arrivé.
Mais maintenant que je suis là, reprenons. Pas sur un énième oiseau aquatique non, vous commencez à les connaître.
Parlons de la forêt.
Pourquoi la forêt ?
Pourquoi pas ?
Alors parlons en.

La forêt, c'est des arbres vivants et des arbres morts. Celui-ci, de toute évidence, a passé l'arbre à gauche (c'est comme ça qu'on dit chez les plantes). Un coléoptère en a profité pour venir lui graver le plan du métro de Paris sous l'écorce.

Ne l'oublions pas, bon nombre des arbres poussant par chez nous finiront de telle sorte. Cela peut donner des photos étonnantes, c'est vrai, mais ils ne le voit surement pas de cet œil (si tant est que les arbres ai des yeux).

L'insécurité règne en forêt, qu'on se le dise. Comme le montre notre photo, de nombreux affrontements ont lieu opposant de mystérieux adversaires. Ici, c'est une souche qui a fait les frais des tirs de mitraillettes.Mais que fait la police ?

Cela dit, une forêt n'est pas qu'un ensemble d'arbre point barre. Que nenni. C'est aussi tout ce qu'on trouve entre, sur, sous et dans ces arbres. C'est à dire plein de choses.

 Cette mousse, impressionnée par ses cousins cactus, a bien essayé de leur ressembler. Le résultat aurait pu être concluant si elle dépassait 5 centimètres de hauteur. A défaut de faire peur aux gens, elle forme de très jolis cousins verdoyant qui provoquent une très fort envie de sieste.

Par la malepeste, mais quelle horrible maladie a bien pu faire pousser de tels furoncles à ce pauvre arbre ? Premièrement, ce n'est pas une maladie mais un autre organisme (lichens ?) qui s'est implanté sur l'écorce  du grand végétal. Et deuxièmement, ce dernier s'en moque puisqu'il est mort. Couché par un coup de vent plus fort que les autres, il sert désormais de HLM a tout un tas de petites bêtes.

C'est surement pour ça que j'aime la forêt, il y a toujours quelque chose à voir de minuscule ou de gigantesque. Ça grouille, et nous serions bien bêtes de ne pas en profiter.

jeudi 11 novembre 2010

Polypode commun

Les vieux murs et les sous-bois humides sont les deux principaux milieux ou chercher les fougère dans nos régions. Pas bégueule pour un sous, le polypode (Polypodium vulgare) s'installe aussi bien sur l'un que dans l'autre. En plus de ça il n'est pas rare du tout. Et pour couronner le tout, il a un nom latin facile à apprendre : Polypodium vulgare. On n'en fait plus des fougères comme ça.
Mais avant de vous parler de lui plus en détail, laissez moi vous le présenter.

 Une tige de 10 à 30 centimètres environ, des limbes (les "feuilles" qui partent de la tige) long et arrondis, dressé tout seul, voila le profil de notre sujet.
Mais au fait, "polypode" ça veut dire quoi ? "Poly" signifie "plusieurs" et "pode" veut dire "pied". Partant de là, on peut supposer que "polypode" signifie "plusieurs pieds". Ce qui est assez étrange quand on sait que cette plante ne pousse jamais en touffe, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

 Alors quelle est l'explication de ce nom étrange ? 
En fait, le polypode pousse à partir d'une grosse racine qui donne chaque année une fronde et une seule. Mais la racine croissant petit à petit, elle garde la trace de toutes les frondes auxquelles elle a donné naissance. Il n'en fallu pas plus aux savants pour lui donner ce nom.

En parlant de la racine du polypode, figurez vous qu'elle se mange. Les gosses d'autrefois appelaient ce casse-croute "réglisse des bois". Laissez moi vous dire que la racine de polypode n'a pas le gout de réglisse et qu'en plus elle est absolument infecte, amer comme seul un dépressif peut l'être. Mais enfin, si jamais la nourriture venait à manquer lors de votre prochain raid "50 jours en forêt les yeux bandés", vous pourrez toujours vous rabattre sur le polypode.
 
C'est joli toutes ces petites bouboules blanches, hein ? Mais je sens poindre en votre esprit l'éternelle question de celui qui s'interroge sur le monde (et plus particulièrement sur les petites bouboules blanches en dessous des feuilles de fougère) : "C'est bien joli, mais c'est quoi ?". Eh bien figurez vous que ce que vous voyez là est une des partie de l'appareil reproducteur de la plante. Les savants, toujours aussi boute-en-train, ont donné plein de noms rigolos à toutes ces parties. Ainsi chaque petit tas est une sore, formé de plein de sporanges (les fameuses bouboules) qui, à maturité vont libérer tout plein de spores qui iront au loin donner un autre pied de polypode (si mère nature est d'accord).

Si vous voulez faire la rencontre de cette charmante fougère, vous pouvez aller la trouver dès que le coeur vous en dit. Complètement étrangère aux 35 heures, elle se fera un plaisir de vous recevoir 24h/24 et 7j/7.
Par contre, elle n'est pas dans le botin.
Il va falloir que vous la cherchiez.
C'est parti.






Vous êtes encore là ? Mais vous attendez quoi !?

samedi 30 octobre 2010

Capillaire des murailles

Vous connaissez les fougères ? Vaguement ? Eh bien il est temps de remédier à cette lacune. Ne perdons pas de temps : à raison d'une espèce par semaine, on devrait avoir fini d'ici une soixantaine d'année.

Commençons par une des fougère les plus courantes et les plus proches de nous. Le capillaire sanguin (Asplenium trichomanes) se trouve en effet sur à peu près n'importe quel vieux mur,  fissure, cailloux vaguement empilés, ... Un petit village bien rural avec ses vieux murets et ses anciennes maisons est idéale pour l'observation de cette charmante espèce, mais inutile de voyager loin : l'espèce est présente presque partout en France.

Mais j'y pense, je ne vous l'ai pas encore présentée cette fameuse fougère.
Eh bien la voici.

Comme vous le voyez, la plante en question n'a rien de prétentieux : une tige noire et, rangés tout autour, de petites feuilles plus ou moins ronde. Si l'on considère en prime sa petite taille (rarement plus de 15 centimètres de long), on comprend qu'elle ne soit pas plus connue du public (qui n'y connait de toute façon pas grand chose).
Sur la photo, on aperçoit également une autre plante, une fougère elle aussi. Mais je n'en parlerais pas aujourd'hui puisque j'en parlerais un autre jour (logique).

C'est joli, hein ? Ces petites touffes bien vertes sont fort sympathique. De plus, les plantes communes et aisément identifiable (et celle-ci en est une) ont cet avantage qu'elle nous rendent content à chaque fois que nous les voyons, puisque nous les connaissons.

Voila bien une plante que vous pouvez chercher n'importe ou et n'importe quand. Vous pouvez la trouver en vous promenant (classique), en garant votre voiture, en sautant de toit en toit, en faisant des roulades dans la rue ou que sais-je encore. Alors allez-y, cherchez donc.

dimanche 24 octobre 2010

Mesdames et messieurs, bonjour.
Voila bien longtemps que je ne vous ai rien écrit. N'y voyez pas un manque d'inspiration ou une fatigue de ce blog qui m'aurais poussé à me reconvertir en moine bouddhiste.
En fait, j'ai juste repris l'école. Une école un peu particulière, en fait. Ayant passé mon bac, j'ai dû m'orienter dans les "études supérieurs", hydre sournois dont le seul nom fait frémir les malheureux qui doivent se plier à son rituel.
Toujours est-il que je me trouve désormais en BTS Gestion et Protection de la Nature (option Gestion des Espaces Naturels) en Corrèze. L'intitulé en lui même laisse présager la teneur de cette formation : on nous apprend à connaitre la nature et à la protéger. Vous imaginez ma joie. Pour vous donner un petit aperçu, voici quelques photos que j'ai prise, j'insiste là dessus, en cours.

 La callune (Calluna vulgaris), "bruyère" des landes sèche étendant son tapis violet dans les vastes étendues du plateau de Millevaches (j'adore ce nom).

La dolomède (Dolomedes fimbriatus), fameuse araignée des zones humides qui peut marcher sur l'eau, voir même s'immerger totalement. Ainsi il arrive qu'une araignée capture un poisson. Vous y auriez cru, vous ?

Superbe chenille de Noctuelle de la Persicaire (Melanchra persicariae), habilement dissimulée sur une fougère aigle (Pteridium aquilinum).

Comme vous le voyez, je suis loin de m'ennuyer. Cette nature foisonnante me donne de quoi faire pour longtemps.
Vous aussi, continuez de vous promener et de tout observer.

A bientôt.