samedi 12 novembre 2011

Les Chroniques de l'estran, Episode 3 : Laisses de mer (2/2)

On pourrait penser qu'admirer les laisses de mer, c'est aussi agréable que de ramasser des champignons. Pourtant, sur l'estran, pas question d'errer dans la pénombre d'un sous-bois humide et corrompu. Sur l'estran, c'est le nez dans les embruns et les cheveux au vent qu'on fouille le sable et les algues aux arômes iodés, préalablement déchaussé pour apprécier le contact de la vase voluptueuse - au risque de s'ouvrir le pied sur une coquille d'huître inopportune. Les sandales à la main et l'appareil photo autour du cou, poursuivons ainsi notre exploration des laisses de mer.


A gauche : oeufs de raie (Raja undulata ?)
A droite : oeuf de petite roussette

On peut tomber sur plusieurs sortes de capsules rectangulaires. Ce sont des oeufs de poissons cartilagineux.
Certaines sont noires, larges, cornues et mesurent de 5 à 15 cm : elles peuvent appartenir à huit espèces de raies et font l'objet d'un suivi par l'Association Pour l'Etude et la Conservation des Sélaciens (APECS) : le programme CapOeRa. Une plaquette d'identification est téléchargeable ici, sur le site de l'APECS.
Attention à ne pas les confondre avec cette autre capsule : plus petite (6 cm), allongée et de couleur jaunâtre, c'est l'oeuf de la Petite Roussette (Scyliorhinus canicula).


Petite Roussette

Ce petit requin de 80 cm vit sur les fonds sableux où sa robe beige tachetée de noir lui permet de se dissimuler pour mieux surprendre ses proies (mollusques et crustacés). On l'appelle aussi "chat de mer", sans doute à cause de ses grands yeux ovales et noirs.
On peut également trouver des oeufs de Grande Roussette (Scyliorhinus stellaris), une espèce proche mais deux fois plus grande (1,5 mètre) et dont les capsules, bien que très ressemblantes, atteignent 10 cm de long.


Laminaire à bulbe

Certaines algues brunes, vivant généralement au delà de l'estran, se démarquent des autres une fois échouées par leurs formes inhabituelles et leur taille impressionnante. Ces Laminaires sont constituées de trois parties : un crampon qui les maintient fixées aux rocher, le stipe, une "tige" dure comme du cuir, et enfin la fronde.
La plus grande est la Laminaire à bulbe (Saccorhiza polyschides) : son crampon est surmonté d'un "bulbe" imposant, granuleux et informe, son stipe est aplati et orné d'ondulations appelées falbalas et sa fronde découpée en forme de lanières. Le tout peut atteindre plusieurs mètres de long.


Baudrier de Neptune

Voilà une autre laminaire : la Laminaire sucrée (Saccharina latissima) ou Baudrier de Neptune. Plus gracile que la précédente, elle se reconnaît à sa fronde en forme de ceinture ondulée et texturée en forme de queue de crocodile. Le stipe est rond et les crampons n'ont pas de bulbe.


L'épave mystérieuse...

Mais l'océan a encore mieux à offrir que des oeufs de requin et des algues difformes : au pied de la falaise, les vagues ont déposé une bien curieuse épave, rapidement abordée par une bande de goélands marins affamés. Qu'est-ce ?

Réponse dans le prochain épisode !

2 commentaires:

Nicolas MOULIN a dit…

Pas mal du tout ce nouvel article, bien que j'ai des doutes sur le sujet du suivant ;). Sinon je n'ai pas très bien compris ce qu'est la "fronde" de la Laminaire, est-ce la partie aplatie et large de la plante?

Igor Girault et Lucas Michelot a dit…

Quand je dis la fronde, je parle en effet de cette partie.
Tu vas adorer le prochain article, comme tout le monde, j'en suis sûr...