vendredi 5 août 2011

Troublante toubière, Cet univers fait de mousse

En arrivant dans la tourbière sous ma nouvelle forme, je me devais de rechercher en premier lieu ce qui fait de ce milieu ce qu'il est : la Sphaigne (Sphagnum sp.). Drôle de nom, n'est ce pas ? Mais que cache-t-il ? En une image comme en cent :

 Je pense que c'est clair pour tout le monde : les sphaignes sont des mousses. Eh oui, ce sont des mousses, organismes dérisoires s'il en est, qui forme ces merveilleux édifices naturels que sont les tourbières. Gorgées d'eau (qui peut représenter plus de 90% de leur poids), elles poussent sans arrêt vers le haut tandis que leurs bases meurent et s'accumulent, formant la tourbe.

Première constatation : mes bottes ne m'auraient été d'aucune utilité. Ma combinaison étanche s'avère indispensable, chaque pouce de terrain est imbibé comme une éponge et il m'arrive fréquemment de choir dans un trou sournoisement dissimulé sous la végétation. Heureusement l'enthousiasme compense le manque d'expérience et je parvins, à force d'effort, de coup de machette et de jurons obsolètes à progresser assez pour atteindre le cœur de la tourbière. C'est là que j'avais prévu d'installer mon campement, ce que je fis sans tarder à l'intérieur d'une grosse touffe de Molinie bleue (Molinia caerulea), plante de la famille des poacés, c'est à dire de l'herbe.
Et c'est là que je me rendis compte du drame : j'avais oublié de prendre de la nourriture. Pas un fruit, pas un légume, pas une patate ou une barre Twix pour combler le creux de mon estomac, qui commençait à prendre des dimensions de basse-fosse. Pas le choix, je devais me mettre en quête d'une quelconque source de nourriture dans les environs, ce que je fis sans tarder.

Mes explorations duraient depuis déjà deux bonnes heures, le ciel commençait à s'assombrir et je n'avais toujours pas mis la main sur quoi que ce soit de comestible. Heureusement, une lueur d'espoir se présenta à mes yeux sous la forme de ceci : 


Pour beaucoup d'entre vous, cette photo paraîtra très jolie certes (mais si, mais si ...), mais en aucun cas une solution à un grave cas d'inanition. Heureusement, mes connaissances botaniques rudimentaires me permirent en un clin d’œil de comprendre que mon salut devait se trouver au cœur de ce buisson vert et rouge. Et effectivement, quelques minutes plus tard je trouvais ce qui constituera désormais une bonne partie de mon alimentation :


Vaccinium oxycoccos, un nom ridicule par lequel les scientifiques désignent la Canneberge. Cette plante est caractéristique des buttons tourbeux (des bosses de sphaignes, en clair) et elle donne ces fruits rougeâtres tout ce qu'il y a de plus comestible. J'avais trouvé là mon moyen de subsistance pour mon séjour. Après avoir fait ripaille de ces baies, j'en emportais un plein sac (c'est à dire 6 fruits, vu ma taille), l'estomac plein à craquer et l'esprit en paix (ce qui prouve d'ailleurs que l'esprit est directement relié au contenu stomacal, étonnant non ?). Maintenant la nuit est venue et je me rend compte que les étoiles sont les mêmes, qu'on fasse 1 mètre 80 ou 10 centimètres. Je me prépare à ma première nuit dans la tourbière. 

3 commentaires:

Marie-Anne a dit…

pour parfaire mes connaissances, j'aimerais connaitre quelques exemples de jurons obsolètes :-)


Bonnes explorations; je me réjouis d'en apprendre la suite!

Lucas a dit…

Fichtre ! Diantre ! Peste et poisse! Cornegidouille ! Par la malepeste ! Non d'un petit bonhomme ! et quelques autre tout aussi pittoresques parsèment mes conversation et monologues. Vous aussi, utilisez les et passez pour un octogénaire déguisé !

Marie-Anne a dit…

je vais m'entrainer :-) :-)- :-)
pour renouveler mon stock !

Merci