Et non, ce n'était pas le bout d'une queue de couleuvre comme cela a été suggéré, mais bien l'extrémité d'un animal marin : le bras d'une ophiure commune (Ophiura ophiura), recouvert de plaques calcaires évoquant les écailles d'un serpent. Cette particularité lui a d'ailleurs valu son nom savant d'Ophiura, qui vient du grec ophis, "serpent", et oura, "queue", et signifie donc "Queue de serpent".
Ophiure commune échouée, à marée basse (Pénestin, Morbihan)
L'étrange animal appartient au phylum non moins étrange des Echinodermes (du grec echinos, "hérisson", et derma, "peau", et qui signifie donc "Peau de hérisson"). Ce nom est une allusion aux piquants des Oursins, qui appartiennent à ce groupe exclusivement marin au même titre que les Crinoïdes ou Lys de mer, les Astéries ou Étoiles de mer, les Holothuries ou Concombres de mer et la classe qui nous intéresse ici : les Ophiures.
Une symétrie pour le moins inhabituelle...
Face aborale Face orale
Chez les Ophiures, on peut différencier les bras d'un disque central aplati qui abrite entre autres le système digestif et les gonades (organes sexuels). Sur la face aborale (le dessus), ces organes sont protégés par des plaques particulièrement larges : les plaques primaires, au centre, et les boucliers radiaires à la base des bras. La face orale (le dessous), plus tendre, s'ouvre sur la bouche. Entourée de cinq mâchoires, elle est à la fois l'entrée et la sortie des cadavres et des petits animaux dont l'Ophiure commune se nourrit, étant dépourvue d'anus.
Ophiure dans une flaque ; les piquants des bras ne s'ouvrent que sous l'eau.
Comme chez la plupart des Ophiures, cinq bras hérissés de minuscules piquants partent de ce disque central. Les plaques calcaires qui les composent sont appelées vertèbres, par analogie avec les queues de serpents qu'ils évoquent. Peu souples, ces bras cassent assez facilement en cas d'agression animale mais peuvent être régénérés par la suite.
Oursin vert (Psammechinus miliaris) Etoile de mer commune (Asterias rubens)
D'autres échinodermes peuvent se rencontrer échoués sur la plage à marée basse, les plus courants demeurant l'Oursin vert (Psammechinus miliaris) et l'Etoile de mer commune (Asterias rubens), tout comme d'ailleurs une quantité impressionante d'animaux marins, jusqu'ici peu représentés sur ce blog. Pour leur rendre justice, ce petit jeu inaugure en réalité une série d'articles à paraître prochaine consacrée aux laisses de mer et à quelques dignes représentants de la faune de l'estran : Les Chroniques de l'estran...
Alors ne ratez pas, dès la semaine prochaine l'épisode 1 : Les Chroniques de l'estran, Episode 1 : Bienvenue sur l'estran...
3 commentaires:
sur le disque central sont dessinés comme 5 petits coeurs :-)
Je me réjouis de découvrir cette série: je ne connais rien à ces "bestioles" marines !
et grand merci de nous faire partager toutes vos connaissances: leur étendue m'épate!
J'aurai jamais trouvé... J'ai bien fait de rien dire.
Sûr que c'est P. miliaris ? Vu le test, ca pourrait etre Paracentrotus lividus, non ? Les piquants courts vont dans ton sens cependant. Ca a été trouvé dans l'Atlantique ou la manche, ou la méditerranée?
Vu le test, que j'ai conservé, c'est bien Psammechinus miliaris. On peut le différencier de Paracentrotus lividus au nombre et à la disposition des trous sur le côté (les pores ambulacraires). Je l'ai trouvé dans le sud de la Bretagne, mais je reviendrai plus précisément sur la situation géographique dans le prochain article...
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