jeudi 1 septembre 2011

Troublante tourbière, Ces plantes qui créent des mondes

La concentration de plantes et d'animaux incroyables est ici plus élevée que nulle part ailleurs, ce qui me permet de ne pas passer une journée sans découvrir quelque chose de nouveau, d'étonnant, de merveilleux ou d'effrayant (et parfois tout à la fois). Hélas, mon séjour touche à sa fin ; en effet, mon rapetissement n'est que temporaire et prendra fin dans très peu de temps, aussi cet article est-il probablement le dernier de la série "Troublantes tourbières". Mais comme auraient dit nos voisins d'outre Manche : "Last but not least", c'est à dire à peut près "Le dernier mais pas le moindre".

Aujourd'hui, c'est une plante étonnante qui a monopolisé une bonne partie de ma journée, une plante qui, sans en avoir l'air, est la principale responsable de la création d'un habitat extrêmement particulier typique des tourbières en formation : le radeau flottant. Avant d'en dire plus, laissez moi vous présenter la plante en question :

 Autant il existe des plantes pénibles a force d'avoir des noms compliqués, autant celle-ci est sympathique de par la simplicité de son patronyme : le Trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata). Mais sous cet aspect volontiers débonnaire se cache un formidable bâtisseur, l'architecte d'un univers incroyable. Explications.

Sa particularité s'exprime lorsqu'il pousse au bord de l'eau, sur la limite de la tourbière. Voyez ses feuilles, regardez plus bas, encore plus bas, vous voyez une tige tout ce qu'il y a de banal, vous passez sous le niveau du sol (ou plutôt le niveau de la mousse dans le cas de la tourbière) et là vous tombez sur une particularité qui fait de cette plante ce qu'elle est : son rhizome. Un rhizome est une sorte de racine qui pousse toujours plus loin pour donner de nouveau pieds tout au long de son parcours. Or ils sont nombreux ces rhizomes, et chacun essaye de gagner un peu d'espace à son compte la ou il peut en trouver, c'est à dire en mordant sur l'étendue liquide. Ils s'avancent, de plus en plus nombreux, toujours un peu plus loin que les précédents, s’entremêlant avec leurs voisins, formant des sacs de nœuds indescriptibles qui finissent par former un radeau de racines mêlées qui avance, avance petit à petit sur le plan d'eau. Ce radeau, simplement posé sur cet entrelacs racinaire, se peuple peu à peu d'une foule de plantes et d'animaux, formant un écosystème étonnant, une presqu'île végétale flottant au dessus d'un plan d'eau.

 Dernier aperçu du ciel avant de pénétrer dans l'univers du radeau flottant.

 Je ne vais pas vous parler de tout ce que j'ai pu voir sur ces radeaux, une encyclopédie n'y suffirait pas. Mais y a quand même quelque chose que je voudrais vous montrer. Un bel exemple de la variabilité végétale.

 Hydrocotyle commun (Hydrocotyle vulgaris), aussi appelé écuelle d'eau. Impossible à confondre, cette plante affectionne les zones humides (pas seulement les tourbières) ou elle forme parfois des tapis étonnants.
Mais le plus étonnant chez cette plante est la famille à laquelle elle appartient : les Apiacées (anciennement Ombellifères). Plus clairement, elle est de la même famille que la carotte, le céleri, le persil, le cumin ou la ciguë. Si si, je vous assure. Après tout, chaque famille compte sa part d'original, de snob.

Je fini ici mon carnet de bord. L'expérience tourbière fut une réussite mais chaque chose à une fin et il faut maintenant que je quitte ce lieu chargé de souvenir pour retrouver d'un seul coup ma taille et ma vie normale. Dommage, je m'y était presque habitué a cette vie.

1 commentaire:

Marie-Anne a dit…

Merci Lucas
C'était une superbe série!