lundi 23 janvier 2012

Les Chroniques de l'estran, Episode 9 : Les Pinces de l'estran (1/2)

On trouve plusieurs espèces de crabes sur l'estran, dont la plus connue est sans doute l'énorme et barlong Tourteau qui peut atteindre les trente centimètres de large ; je ne l'ai malheureusement pas encore rencontré à Pénestin, aussi va-t-on devoir se contenter d'espèces moins imposantes, mais aux poignées de main tout aussi douloureuses !


Crabe vert d'environ 5 cm d'envergure

Le plus commun de tous  ces crustacés grouillants est le Crabe vert : Carcinus maenas. C'est un gros crabe vert, brun ou rouge, reconnaissable à sa carapace en forme de pentagone, ornée de chaque côté de cinq dents relativement obtuses derrière les yeux, et de trois dents distinctes au milieu.


Crabe vert sur un tapis de moules, au fond d'une flaque salée (7 ou 8 cm d'envergure)

Si les plus jeunes individus peuvent se rencontrer dans le sable, où ils sont capables de s'enfouir, les plus gros et les plus vieux fréquentent essentiellement les rochers dont les anfractuosités leur permettent de se dissimuler et où les cuvettes de marée basse leur offrent d'excellents terrains de chasse. Nous avons d'ailleurs pu admirer leurs exploits carnassiers dans l'épisode précédent.


Crabe vert... rouge, de taille respectable (plus de 12 cm d'envergure) observé sur l'île de Ré

Et voici la fameuse pince ! Il s'agit en réalité de l'articulation entre le dernier et l'avant-dernier segment de la première paire de pattes : le dernier segment, crénelé et particulièrement épais, vient ainsi se rabattre contre une excroissante de forme similaire prolongeant l'avant-dernier segment. On obtient un outil bien commode pour pincer les baigneurs imprudents, mais surtout assez puissant pour arracher les patelles de leur substrat, et donc idéal pour ce gros dévoreur de coquillages qu'est le Crabe vert.

 

Crabe vert apeuré (plus de 12 cm d'envergure) observé sur l'île d'Oléron

Le Crabe vert est aussi appelé Crabe enragé en raison de son comportement défensif qui consiste, lorsqu'il n'a plus aucune crevasse où se réfugier, à faire front en écartant les pattes et en ouvrant en grand les pinces - exactement comme un lucane avec ses mandibules.
Comme bien d'autres, le Crabe vert a sa variante méditerranéenne : Carcinus aestuarii, à peu près identique. Ces deux espèces sont invasives sur les côtes du monde entier, où elles ont été introduites accidentellement : Etats-Unis est et ouest, Afrique de l'ouest et Australie pour la première, Mer Rouge et Japon pour la seconde.


Ci-dessus : reconstitution d'une étrille d'après un cadavre rejeté par la marée.
Ci-contre : détail de la dernière paire de pattes dudit cadavre.

Appartenant à la même famille que le Crabe vert, les Portunidés, l'Etrille (Polybius puber) s'en distingue par des contours plus acérés, des couleurs plus vives, des pinces plus aigües et une dernière paire de pattes très applatie qu'elle utilise pour la nage. En effet, vous ne rencontrerez pas ce crabe vivant sur l'estran, au mieux des spécimens morts au milieu des laisses de mer, mais dans les eaux côtières peu profondes, si vous faites de la plongée.

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