mercredi 18 janvier 2012

Hiver indécis

 « Il n’y a plus de saison ma bonne dame ! »
Cette remarque anodine, omniprésente dans les conversation stéréotypées du quatrième âge, prend une toute autre signification en des temps troublés comme ceux que nous connaissons. En vérité je vous le dis, il y a encore des saisons, mais elles n’ont plus la belle rectitude d’antan, quand chacune d’entre elle suivait la précédente après une courte période d’incertitude. Nous connaissions les étés indiens et les gelées tardives, mais rien n’aurait pu nous préparer à ce que nous sommes en train de vivre : l’abandon pur et simple d’une des composante du mythique quatuor Printemps-Eté-Automne-Hiver. Le dernier cité se comporte pour le moment d’une drôle de manière, baignades en Octobre, bronzette en Novembre, pas de neige, un froid très modéré et il y a encore une semaine nous prenions le soleil dehors en chemise. Alors, serais-ce la fin des Hiver ? Pas si sûr. Le bougre semble depuis quelques jours reprendre du poil de la bête et nous envoi de ses nouvelles sous des formes plutôt originales et souvent magnifique. Petit tout d’horizon du Maître des Flocons.


 Deux milans royaux ont perdu en majesté et gagné en mystère, tout enveloppés de brume.

 Vu à travers une fine plaque de glace, un paysage peut s'avérer beaucoup plus chaotique qu'il n'y parait au premier abord.

Frôlant l'eau courante de leur ramilles, nombre de branches se retrouvent prisonnières d'un carcan de glace, prison transparente aux milles facettes luisantes d'un éclat humide dans la froide lumière d'un soleil de Janvier.

La surface de l'eau, sitôt gelée, s'orne d'une infinité de motifs grandioses. Des lignes apparaissent, traçant de cours chemin luisants, des bulles se figent dans une remontée inachevée, l'air d'attendre un printemps qui les fera renaître. Branches et tronc se voient entouré du plus bel écrin qui soit, lisse et cassant, miroir du ciel, vitre sur les abysses.

Mais que cette rigidité de surface ne vous fasse pas oublier que cet élément si régulier n'a qu'un temps. Il suffit d'un degré de plus, quelques particules un peu plus excitées que d'autres, un caillou et l'on voit devant soit se briser l'image d'un paysage. L'espace d'une seconde on verra l'espace se refléter à l'infini dans chaque gouttelette pour finalement retomber, s'aplanir et ne plus former qu'une seule et même image, reflet de ce monde figé le temps d'une saison.

2 commentaires:

Marie-Anne a dit…

merci pour ces superbes photos !

tatou9 a dit…

Je suis d'accord avec Marie-Anne : j'aime beaucoup les photos et aussi les commentaires, très bien tournés ! Je souhaiterais cependant un respect un peu plus marqué envers les personnes du 4eme âge !