dimanche 17 mai 2009

Chocard

Les corbeaux, c'est bien connu, sont les plus fervents suppôt de Satan, les émissaires du mal, ... Ils mangent les yeux des cadavres, déciment le gibier, annonces mort et cataclysme. Leur cri lugubre est une annonce de souffrance. Ils pullulent littéralement et pillent nos ressources. Leur costume noir est la marque du péché qui les souillent.
Les humains se sont donnés beaucoup de mal pour pourrir la réputation de ces oiseaux. Leur imagination ne s'est jamais tarie à ce sujet et aujourd'hui encore on peut en entendre de bonne. Un corbeau perché sur un mouton mort ? Il lui a crevé les yeux avant de le dévorer vivant.
Le sujet de cet article est un de ces joyeux volatile au dossier si chargé qu'il lui vaudrait immédiatement une excommunication s'il était humain (c'est vrai qu'il en faut peu). Voila le portrait de l'intéressé :

Stupeur du public : la bête a le bec jaune ! L'écrivain ne connait-il pas les merles ? Et l'écrivain de répondre "Avez-vous déja vu un merle avec les pattes rouges ?". Certes non, mais alors qu'est ce diantre que ce volatile ? Ce n'est pas un corbeau, puisqu'ils sont noirs. Et bien il est temps de le dire, non, non et non, les corbeaux ne sont pas tous noirs. Rien que chez les corvidés (le contraire des corps pleins) français, on peut admirer du jaune, du rouge, du beige, du blanc, du gris-argenté et même du bleu iridescent. En France, ils doivent être deux espèces entièrement noirs. Le sujet de cet article se nomme le chocard à bec jaune (Pyrrhocorax graculus).

Ces photos ont été prisent dans les Alpes. Les oiseaux se trouvaient près d'une station touristique et étaient presque apprivoisés. Cette espèce montagnarde s'est plutôt bien adaptées aux humains. Ils approchent parfois les humains afin de récupérer les détritus (comestibles) laissés par ces malpropres.

Les chocards sont des génies de la voltige. Bien plus efficaces, plus élégants et moins bruyants que n'importe quels ULM et autre deltaplanes, ils s'amusent inlassablement à jouer dans les courants aériens. En voila un qui s'envole en criant, "triiiiiii tyû" (car ainsi crient les chocards). Il est très vite suivi par plusieurs de ses congénères. Une petite troupe se forme, toujours en poussant leur trille mélodieuse. Ils tournent, planent, piquent et remontent. Ils jouent avec le vent, l'apprivoise et s'en servent pour voler plus vite, plus haut sans donner le moindre coup d'aile. Ils s'amusent. Soudain, les voila qui tombent. Ils ont replié leurs ailes et chutent vers le fond de la vallée, plusieurs centaines de mètres en contrebas. Ils ne tentent rien pour freiner cette descente vertigineuse. D'un coup ils réouvrent les ailes. Les voila propulsés vers le haut. Ils n'ont aucun mal pour remonter à leur point de départ. Ils se laissent porter par les courants aériens montagnards. C'est la danse des chocard.

Le dernier des ploucs pourvu de la moindre miette de sensibilité ne peut décement appeler une telle merveille "agent du Malin". Quiconque a assisté à un tel balet aérien devrait, selon moi, se reconvertir dans l'ornithologie.
J'en fait peut être un peu beaucoup, mais franchement, ils sont beaux ces oiseaux. L'Homme est un sacré nigaud pour affubler ce gracile animal de tant de noms d'oiseaux.
Cherchez-les lors d'un séjour à la montagne.

A bientôt.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

J'adore le bruit que font les chocards en piqué, quand ils passent juste à côté, à la vitesse d'une bombe, et ouvrent brusquement leurs ailes pour s'arrêter en douceur. Quels merveilleux oiseaux !

Nicolas MOULIN a dit…

Sans vouloir te décevoir Lucas lorsque je vais en montagne c plus pour les gypaètes barbus et les aigles royaux. Mais cela étant j'admire particulièrement un cousin et une cousine du chocard pour leur comportement et leur intelligences ( oiseaux les plus intelligents ), je vais donc ne pas en dire du mal.